Dans leurs rapports de juin 2019 et mars 2020, le groupe d’experts techniques sur la finance durable (TEG), constitué par la Commission européenne, avait recommandé d’exclure le nucléaire des « investissements verts ». Sous la pression des acteurs du nucléaire, la Commission a alors demandé à son Centre commun de recherche (JRC, Joint Research Center) d’évaluer l’impact environnemental du nucléaire. Son récent rapport[1], biaisé, ouvre la voie à un retour du secteur dans la liste des activités jugées durables par l’Union européenne.
Réaction de Michèle Rivasi, députée européenne EELV, membre de la commission Environnement/Santé publique :
« La France est prête à tout pour sauver son industrie en faillite, au point de saboter la lutte contre le changement climatique. Déjà, lors du Conseil européen de décembre 2019, elle n’avait pas hésité à s’allier avec des États grands défenseurs du charbon pour prendre la défense du nucléaire. Elle se montre maintenant ouverte à rendre le gaz fossile éligible aux investissements « verts », comme le souhaite la Hongrie de Viktor Orban, dans l’espoir que le nucléaire y trouve à son tour sa place.
Le Centre commun de recherche (JRC) est historiquement lié à Euratom, dont 25% de ses activités sont du nucléaire, et est proche du lobby Foratom[2]. C’est cet organisme qui a été sollicité par la Commission européenne, sous pression du lobby pro-nucléaire, pour une nouvelle évaluation du nucléaire. Ses conclusions sont biaisées et scandaleuses.. Il affirme sans gêne que le nucléaire ne représenterait « pas plus de danger pour la santé humaine » que les énergies renouvelables. Il n’est pas acceptable que l’Union européenne commande un nouveau rapport dès qu’un lobby est mécontent.
La taxonomie verte sert à réorienter les investissements le plus vite possible vers des modèles durables. Le nucléaire est une technologie chère, lente à se développer et sujette à d’importants retards, comme l’illustre le chantier de l’EPR de Flamanville. Son impact environnemental est significatif : 300.000 tonnes de combustibles nucléaires usés et hautement radioactifs. La gestion de ses déchets est chaotique : les seuls sites d’enfouissement profond existants (Asse en Allemagne et le WIPP aux États-Unis), sont d’incroyables fiascos ayant déjà contaminé leur environnement. Ce système énergétique très centralisé, peu flexible et en faillite, incite au gaspillage d’énergie et accapare les ressources nécessaires à l’essor rapide des énergies renouvelables. Avec une telle décision, le président Macron et le lobbying pro-nucléaire nous feraient ainsi reculer en arrière au niveau européen. »
[1] https://www.politico.eu/wp-content/uploads/2021/03/26/JRC-report_March-2021-clean-Copy-printed.pdf
[2] https://cdn.greenpeace.fr/site/uploads/2021/03/Service-scientifique-de-la-Commission-européenne-industrie-nucléaire-Note-de-synthèse-Greenpeace-UE-mars-2021.pdf?_ga=2.202104597.545983658.1617120803-1999540756.1598256811