Fukushima 10 ans après: Au Japon, on tente d’oublier. En France, on ferme les yeux.

Le 11 mars 2011, un séisme, puis un tsunami, ont frappé le nord de l’archipel, entraînant une explosion dans la centrale de Fukushima DaiIchi à l’origine d’un accident nucléaire le plus important, après celui de Tchernobyl en 1986.

Dix ans après la catastrophe, le déni des gouvernements japonais et français nous emmènent dans une zone inconnue. Quels seront les impacts d’un déversement des eaux radioactives de Fukushima dans l’Océan ? Quelle ère de la sûreté nucléaire ouvre le dépassement des 40 ans ?

Réaction de Michèle Rivasi : 

« Nous avons d’un côté le gouvernement japonais qui tente de faire tomber aux oubliettes l’accident nucléaire de Fukushima : il s’apprête à verser un million de mètres cubes d’eau contaminée dans le Pacifique et veut faire des Jeux olympiques de Tokyo une vitrine de la reconstruction de la région de Fukushima. Mais une partie de l’archipel reste contaminée. Dans certaines régions, la radioactivité ambiante est trop élevée et les habitants mangent de la nourriture contaminée [1].

En France, je m’inquiète du laxisme sur la sûreté nucléaire. Nous vivons dans un pays où nos réacteurs ont reçu l’autorisation de dépasser les 40 ans, alors que toutes les mesures de sûreté post-Fukushima ne sont pas encore mises en œuvre. Selon une récente étude [2], aucun réacteur du parc en exploitation français n’a de système ultime de refroidissement de l’enceinte, qui pourrait réduire le risque d’accident de fusion du cœur, ou un système de contrôle de commande ultime et instrumentalisation définitive du noyau dure. En outre, nous ne sommes actuellement pas en mesure de prouver que le récupérateur de corium mis au point pour l’EPR soit totalement efficace sur les réacteurs de 900 MWe. Enfin, il y a surtout la question des capacités financières et industrielles d’EDF à mettre en oeuvre les prescriptions de sureté, il suffit de regarder la récente mise en demeure d’EDF par l’ASN sur le réacteur de Flamanville [3] ou l’installation des derniers diesels d’ultime secours il y a seulement quelques semaines, soit plus de deux ans après la date butoir originelle.

Pour éviter un accident nucléaire, il faut sortir du nucléaire. Entre le scenario de l’ADEME de 2015, le rapport 2017 de négaWatt, l’étude du CIRED en 2020, et maintenant le rapport 2021du RTE et de l’AIE; il y a assez de données sérieuses pour viser un scénario 100% renouvelable, l’arrêt du nucléaire en 2035 et la neutralité carbone en 2050. Protégeons-nous, sortons du nucléaire. »


[1] « Fukushima Daiichi 2011-2021 , The decontamination myth and a decade of human rights violations « , greenpeace, March 2021: https://www.greenpeace.org/static/planet4-japan-stateless/2021/03/ff71ab0b-finalfukushima2011-2020_web.pdf

[2] « Lessons not Learned from the Fukushima Accident, Risks of the European NPPs 10 years later » Oda Becker, Patricia Lorenz, February 2021 : https://www.greenpeace.org/static/planet4-luxembourg-stateless/2021/03/e18fa1a5-full-study-10-years-fukushima.pdfhttps://www.greenpeace.org/static/planet4-luxembourg-stateless/2021/03/e18fa1a5-full-study-10-years-fukushima.pdf

[3] https://www.asn.fr/Informer/Actualites/Centrale-nucleaire-de-Flamanville-Mise-en-demeure-d-EDF

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Par Michèle Rivasi

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