Remboursement du Sovaldi: une victoire qui n’en est pas une

Le Ministère de la Santé a annoncé aujourd’hui un accord avec le laboratoire Gilead sur le prix de son médicament Sovaldi (sofosbuvir), indiqué comme très innovant dans le traitement de l’hépatite C. Cet accord permettra au laboratoire l’accès au remboursement à 100% de son médicament par l’assurance maladie, le prix passant de 19 000 euros à 13 667 euros la boîte de 28 comprimés. En moyenne, un traitement nécessite 3 boîtes, sur 12 semaines. Ce qui fait un total de 41 000 euros par traitement.

Réaction de Michèle Rivasi, députée Europe Ecologie au Parlement Européen, spécialiste des questions de santé : « Ce nouveau prix est beaucoup trop élevé et ne prend pas en compte l’achat des médicaments qui doivent être pris en association avec le sofosbuvir. Non seulement le budget de la Sécurité Sociale continuera d’exploser mais en plus tous les patients qui en auraient besoin ne pourront pas être pris en charge. Sur quels critères seront choisis ceux qui en ont le plus besoin? Quel sera le seuil en dessous duquel les personnes seront déclarées inéligibles à ce traitement? Ce rationnement qui ne dit pas son nom est inadmissible et en totale contradiction avec le principe républicain d’accès universel aux soins. Sachant que l’hépatite C présente une prévalence élevée parmi les personnes incarcérées, je suis inquiète quant à l’accès réel aux soins des populations les moins en mesure de défendre leurs droits.

Je rappelle que le sofosbuvir n’est pas un cas isolé. D’autres médicaments récents sont également trop chers comme des anticancéreux récents – Herceptin ou Kadcyla de Roche, Nexavar de Bayer. Marisol Touraine se félicite que le prix de remboursement aujourd’hui obtenu soit le plus bas d’Europe. Et pour cause, certains Etats membres ont choisi de ne pas rembourser ce médicament du tout! Aujourd’hui c’est donc un fois de plus un laboratoire privé qui impose ses règles du jeu.

Les inégalités d’accès aux soins au sein de l’UE sont inacceptables pour les écologistes! Nous demandons aux Etats membres de se coordonner dans leurs procédures de fixation des prix et, quand ceux demandés par les labos mettent en péril l’accès aux soins pour touTEs, de ne pas hésiter à utiliser les licences obligatoires. Ces outils permettent de lever les brevets et de fabriquer des génériques beaucoup moins chers. Il est grand temps de mettre fin à l’ère des situations monopolistiques dans l’industrie de la maladie, dont les profits viennent de brevets qui privatisent une recherche en grande partie financée par des fonds publics. »

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Par Michèle Rivasi

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