Déchets nucléaires : le gouvernement revient à la charge, en douce, pour imposer le projet Cigéo

Le ministre de l’économie Emmanuel Macron vient de présenter son projet de loi « pour la croissance et l’activité ». Dans son chapitre III « Industrie » s’est glissé l’article 72 sur le centre de stockage de déchets radioactifs en couches géologiques profondes Cigéo.

Réaction de Michèle Rivasi, députée européenne écologiste spécialiste des questions nucléaires :

« Une fois de plus, on essaye de surprendre les citoyens en les mettant devant un fait accompli : le gouvernement français avait déjà essayé de faire rentrer le projet Cigéo dans la loi sur la transition énergétique en juin dernier. C’est maintenant au tour du ministre de l’économie de se fendre d’un article de loi qui entérinerait le principe du stockage en couches géologiques profondes comme solution pour la gestion des déchets radioactifs à haute activité ou moyenne activité vie longue. Sur l’ensemble du processus, la consultation du public et les prises de décision ont été organisées de manière déplorable. Et ce dernier événement en est l’illustration parfaite.

Le contenu de l’article en question est loin de ce qui pourrait être attendu d’un gouvernement qui a déjà eu l’occasion d’entendre de nombreuses et fortes voix opposées au projet. Le texte tente d’entériner la mise en place d’une phase industrielle pilote, en dépit de défis techniques encore irrésolus. Bien évidemment, sans aucune référence à l’étude de solutions alternatives et au renforcement des entreposages actuels, comme demandé par les participants à la conférence de citoyens de février 2014. Participation citoyenne à laquelle le texte fait référence et dont il semble tirer sa légitimité. Mais pour répondre aux questions soulevées, c’est le projet entier qui est à refaire, et pas seulement le calendrier : la modification de calendrier de deux ans accordée à l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) pour le dépôt de la demande d’autorisation de création ne permet toujours pas de répondre aux problèmes de réversibilité, d’incendie, de ventilation, de non dispersion d’éléments toxiques, ni même les problèmes liés aux transports…

Quelles sont les véritables motivations du gouvernement, qui se retrouve à vouloir inscrire Cigéo en douce dans un texte unanimement qualifié de « fourre-tout » ? La croissance et l’activité…de la filière nucléaire, et ce au détriment de la sûreté. Ainsi, Cigéo « contribue à la consolidation de la filière nucléaire, qui en assure le financement » [sic]. Noir sur blanc, tout est dit : le nucléaire se trouve toujours aux manettes de la France. Je compte bien évidemment sur mes collègues écologistes au Parlement pour supprimer cet ajout inopportun dans ce projet de loi.»

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Par Michèle Rivasi

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