OGM : des données enfin accessibles (Viva)

16.01.13, par Brigitte Bègue

Le Pr Gilles-Eric Séralini, biologiste moléculaire à Caen et auteur d’une étude sur la toxicité des OGM sur des rats, aurait-il gagné la bataille de la transparence ? Peut-être. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a, en effet, annoncé lundi 14 janvier « le lancement d’une initiative majeure destinée à faciliter l’accès aux données pour renforcer la transparence dans l’évaluation des risques ». Le même jour, l’Efsa a rendu public sur son site les données dont elle s’est servie pour autoriser la mise sur le marché du maïs NK 603, commercialisée par Monsento.

Risques accrus chez des rats nourris aux OGM

Hasard ou pas, l’initiative tombe juste la veille d’une conférence de presse organisée hier à Strasbourg par le Pr Séralini et Corinne Lepage, présidente du Criigen (Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique), annonçant qu’ils ont déposé auprès d’un huissier de justice les données brutes de l’étude réalisée sur les effets du Round-Up, l’herbicide le plus utilisé dans le monde, et du maïs OGM NK 603, qui l’absorbe sans mourir. Cette étude, rendue publique en septembre dernier et publiée dans la très sérieuse revue Food and Toxical Toxicology, concluait à un risque accru d’anomalies graves, et notamment de tumeurs mammaires et de troubles hépatiques et rénaux chez les rats exposés à ces deux produits pendant 90 jours.

Ces résultats inquiétants ont défrayé la chronique pendant des semaines pour être finalement invalidés par les autorités sanitaires de six pays européens -dont la France- et définitivement rejetés par l’Efsa, en novembre, qui a jugé « qu’un réexamen des évaluations précédentes de la sécurité du maïs génétiquement modifié NK603 n’est pas justifié ». L’Agence européenne avait néanmoins demandé au Pr Séralini de lui donner des informations complémentaires sur ces travaux. « Nous attendons que l’Efsa fournisse ceux qui ont permis d’autoriser cet OGM et ce pesticide en particulier mais aussi les autres OGM », avait alors exigé en préalable le chercheur.
Une demande de transparence et d’indépendance

Les choses vont-elles bouger ? Pour Corinne Lepage, rien n’est gagné : « Ça ne fait guère que trois ou quatre ans que nous demandons ces données. Si les critères appliqués aux études d’évaluation des risques des OGM étaient les mêmes que ceux appliqués à l’étude Séralini, aucun OGM ne serait autorisé aujourd’hui dans l’union européenne. Chacun pourra en juger désormais ». Par ailleurs, la transparence de l’Efsa n’est pas totale : seuls les renseignements sur le maïs NK 603 ont été mis en ligne mais, à l’exception du glyphosate, son principe actif, rien sur le Round Up : « C’est comme si pour évaluer les risques de la cigarette, vous n’évaluiez que la nicotine », a déclaré la présidente du Criigen. « Je pense que nous sommes face au même scandale que celui de l’aspartame : l’Efsa n’a pas à sa disposition ces études. Je ne sais même pas s’il existe réellement des études sur le Round Up ! ».

Pour Michèle Rivasi, députée européenne du groupe Les Verts « Il est indispensable que le citoyen puisse avoir accès aux données brutes des études scientifiques ». Avec ses collègues, « tout bord politique confondu », elle va déposer dans les jours qui viennent une lettre ouverte à la Commission Européenne « demandant davantage de transparence et d’indépendance en ce qui concerne la sécurité sanitaire et les OGM ».

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Par Michèle Rivasi

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