Stratégie pharmaceutique : La promesse de nouveaux traitements pour tous ne doit pas renforcer les monopoles des labos

La Commission européenne a présenté aujourd’hui sa stratégie pharmaceutique. Cette stratégie vise à garantir la fourniture de médicaments et de vaccins à tous les citoyens de l’Union européenne et à encourager l’innovation des entreprises pharmaceutiques européennes.

Le groupe des Verts/ALE salue la stratégie pharmaceutique mais appelle à plus de transparence des financements et à éviter de renforcer les monopoles pharmaceutiques.
 Le Parlement débattra de la stratégie pharmaceutique pour l’Europe ce jeudi 26 novembre à partir de 8h45.


Michèle Rivasi
, députée européenne, membre de la commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire, et rapporteure pour le groupe des Verts/ALE de la législation EU4Health commente :

 » Cette stratégie devait être l’occasion de remettre à plat notre système. Elle vient plutôt conforter les nouveaux modèles de l’industrie. Il est inacceptable que les grandes entreprises pharmaceutiques aient le droit d’augmenter le coût de leurs produits au point que les gens ne puissent  plus se permettre d’acheter des médicaments. La Commission a raison de vouloir revoir les incitations et les obligations de la législation pharmaceutique. Mais sur la pénurie des médicaments, par exemple, malgré ses bonnes intentions, les propositions de la Commission passent totalement à côté de l’urgence de la situation et ignorent nos propositions de mise en place d’établissements pharmaceutiques européens à but non lucratif, à même d’assurer la production et l’approvisionnement en médicaments essentiels, négligés par l’industrie.

La lutte contre le cancer devient le prétexte au festival des nouvelles thérapies, le plus souvent OGM. Ces biotechnologies que la Commission veut soutenir seront sans doute tres lucratives pour leur fabricants. Mais l’argent public doit être investi dans la recherche et le développement au profit de tous, et non finir dans les poches de quelques actionnaires.

La Commission européenne se préoccupe de l’opacité du prix des médicaments. Qu’elle commence par donner l’exemple et à remédier au manque de transparence des contrats avec les fabricants de vaccins contre le coronavirus. La transparence permet la confiance. Nous attendons aussi qu’elle nous présente une proposition visant à une utilisation plus efficace des fonds publics pour les entreprises pharmaceutiques.

Cette stratégie pharmaceutique me laisse perplexe. Malgré ses avancées, en particulier son engagement à réduire les résidus pharmaceutiques dans l’environnement, elle reste taillée sur mesure pour l’industrie, le digital, les nouveaux médicaments à base d’OGM… Au nom de l’innovation, on simplifie les essais cliniques et on facilite l’accès au marché des traitements, mais sans réelle remise en cause des brevets et des « droits exclusifs » des sociétés pharmaceutiques. L’industrie gagne sur les deux tableaux, mais quels bénéfices pour les patients, les caisses d’assurance maladie et la santé publique européenne ?« 


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Par Michèle Rivasi

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