[Rencontre] Solidarité avec la résistance autochtone et environnementale du Brésil

Le 15 juin 2022, accompagnée de certains collègues députés européens, j’ai eu le plaisir de rencontrer des membres de l’Articulation des peuples indigènes du Brésil et de l’Observatório do Clima, lors d’un déjeuner d’échange au Parlement européen.

Cet échange fut l’occasion de discuter de la situation socio-environnementale au Brésil à l’approche des élections, notamment en ce qui concerne le « paquet de destruction » du Congrès et la situation des communautés autochtones et de leurs terres.

Le groupe des Verts/ALE du Parlement européen est solidaire à la résistance autochtone et environnementale du Brésil. En ne représentant seulement 4 % de la population, les peuples autochtones sont les « gardiens » de 80 % de la biodiversité mondiale !

L’importance de cette conversation ne saurait être assez soulignée après la nouvelle tragique de l’assassinat du militant indigène Bruno Pereira et du journaliste britannique Dom Phillips, dont les corps ont été retrouvés le 16 juin 2022. Ceux qui s’efforcent de dénoncer le traitement inhumain des peuples et des terres indigènes par le gouvernement brésilien sont constamment victimes d’abus et de harcèlement qui aboutissent souvent à leur meurtre.

Plus que jamais, partageons l’appel à la solidarité de l’APIB et continuons à amplifier la voix et le combat des militants pour les droit humains !

Thèmes clés de la discussion

Au cours de la discussion, plusieurs problématiques ont été abordées avec les leaders autochtones. Notamment l’importante pression internationale au Brésil. L’UE a une grande influence lorsqu’il s’agit de condamner les politiques qui portent atteinte aux droits, à la subsistance et aux terres des autochtones. Chaque petit geste compte lorsqu’il s’agit de faire respecter les normes juridiques internationales qui protègent les droits des autochtones, y compris en matière de politique commerciale.

Nous devons penser à l’ensemble du tableau lorsque nous parlons d’accaparement des terres et de destruction de l’environnement : lorsque les territoires autochtones sont compromis au profit des industries extractives, de l’agro-industrie et des pratiques de déforestation, tous les biomes sont touchés. Cela a un effet en chaîne sur l’ensemble de l’écosystème ainsi que sur les peuples qui vivent dans ces régions.

Il est temps d’agir : comme l’a expliqué notre invité Marcio Astrini, les deux prochains mois seront cruciaux, car le Congrès pourrait prendre des mesures pour approuver le « paquet de revers ». Les médias ont également accordé une grande attention à la résistance autochtone en raison de la mort tragique de Bruno Pereira. En tant que responsables politiques de l’UE, nous avons le devoir d’appeler à la fin de l’impunité pour les crimes commis contre TOUS les peuples et les territoires autochtones.

Mon combat pour soutenir les peuples autochtones

L’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) et le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ont reconnu a plusieurs reprises le rôle central des peuples autochtones dans la réponse à la crise climatique et à la dégradation des écosystèmes. Le renforcement de leurs droits est la façon la plus sûre et la moins couteuse de séquestrer du carbone.

Au Brésil, une série de projets de loi menace en ce moment directement des peuples autochtones (légalisation de l’accaparement de terres, changement de la démarcation des réserves autochtones, ouverture de ces territoires aux projets miniers, …). 

La Commission européenne a raté une opportunité avec sa proposition de règlementation sur la déforestation importée. Aucune obligation n’est faite aux entreprises, qui commercialisent des produits de base, de respecter les lois internationales protégeant les droits des peuples autochtones et des communautés locales.

Je me bats  pour que cette règlementation impose donc une conformité avec les traités internationaux relatifs aux droits fonciers des communautés, notamment la Convention 169 de l’OIT, la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones et la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans. Le respect du principe du consentement libre, préalable et éclairé doit être respecté et nous devons mettre en place des mécanismes de responsabilité, de plainte et de réparation en cas de violation des droits humains.

Une autre pression importante pour les peuples autochtones sont les activités des industries extractives, qu’il est important de soulever dans un contexte où « l’économie numérique » est une priorité centrale de l’agenda de l’UE, pour la mise en œuvre du Green New Deal. Au Brésil, qui exporte plus d’un quart de ses minéraux vers l’UE, l’exploitation minière a été responsable d’environ 9 % de la déforestation en Amazonie entre 2005 et 2015 et est responsable de nombreuses violations des droits des peuples autochtones et des communautés locales.

Ces mines extractives sont une véritable menace pour les forêts tropicales. Je me bats pour étendre le champ d’application de la règlementation déforestation importée aux métaux stratégiques, comme le bauxite, nickel, cuivre, fer et l’or, et d’autres produits clés: le mais, le bois, caoutchouc ou le pétrole ! Cette nouvelle loi doit protèger les forêts, mais aussi d’autres écosystèmes précieux tels que les savanes, les zones humides et les tourbières. Si ces lacunes ne sont pas comblées, la nouvelle loi risque de provoquer des effets pervers : les entreprises pourraient commencer à déboiser les forêts pour le caoutchouc plutôt que le cacao, ou à déplacer la destruction des forêts vers des écosystèmes riches en nature tels que les zones humides du Pantanal ou Cerrado savannah.

Pour en savoir plus : https://www.michele-rivasi.eu/politique/madame-la-commissaire-des-partenariats-internationaux-respectons-le-droit-des-peuples-autochtones

Merci encore pour cet échange constructif et que la solidarité continue avec la société civile au Brésil. #DemarcaçãoJá !

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Par Michèle Rivasi

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