Face au déni climatique d’ExxonMobil, le Parlement européen doit fermer ses portes à ses lobbyistes

(c) Food & Water Europe

Le géant pétrolier et gazier ExxonMobil sait depuis des décennies que les émissions de CO2 résultant de la combustion de combustibles fossiles contribuent au réchauffement de la planète. Mais il n’a pas partagé cette information avec le public. Au lieu de cela, l’entreprise a activement dissimulé des informations sur le lien entre les combustibles fossiles et le réchauffement de la planète. Dans le même temps, l’industrie des énergies fossiles a dépensé des sommes d’argent pour financer des campagnes visant à tromper le public et les responsables politiques et à promouvoir le déni climatique à grande échelle.

Alors que la société est déjà sous enquête aux États-Unis1, ExxonMobil a fait l’objet d’une audition publique sur le déni du changement climatique au Parlement européen2. C’est la première fois que ses actes répréhensibles étaient examinés au niveau européen, mais il a refusé de se présenter à l’audition et de répondre aux questions des députés et du public. Les députés européens du Groupe des Verts demandent le retrait des accréditations de la multinationale.

« ExxonMobil a induit le public en erreur au sujet du changement climatique et de ses conséquences : des milliers de pages de documents révèlent que l’industrie est au courant des dangers du dérèglement climatique depuis 60 ans3. Pourtant, au lieu d’agir ou d’avertir le public, elle a fait de son mieux pour semer le doute et la désinformation – d’abord sur l’existence du dérèglement climatique, puis sur son étendue et son origine.

Exxon possède non seulement des gisements de pétrole et de gaz en Europe, mais aussi une influence considérable sur l’élaboration des politiques de l’UE. ExxonMobil orchestre et finance des campagnes de déni et de retardement, de même ampleur que celles de Big Tobacco. Par le lobbying direct, le parrainage de groupes de réflexion ou bien l’adhésion à des associations professionnelles, Exxon a établi une présence solide à Bruxelles et exerce une influence sur le cœur politique de l’UE. Elle a dépensé plus de 35 millions d’euros depuis 2010 pour faire pression sur les décideurs de l’UE4. Le géant du pétrole et du gaz lutte ainsi contre les énergies renouvelables et colporte de fausses « bonnes solutions » à la crise climatique, telles que de nouveaux investissements dans les infrastructures gazières, ainsi que dans le captage et le stockage du carbone.

ExxonMobil et d’autres grandes entreprises polluantes continuent de nous montrer qu’elles placent leurs profits avant tout. Le lobbying trompeur d’Exxon ralentit depuis trop longtemps les ambitieuses politiques européennes en matière de climat. Notre seule chance de faire face à la catastrophe climatique imminente est de les tenir aussi loin que possible de la prise de décision. Il faut absolument mettre l’intérêt de la société civile avant l’intérêt des énergies fossiles! Nous devons nous appuyer sur la communauté scientifique, l’engagement citoyen, une presse libre et une juridiction indépendante!

ExxonMobil a bien voulu saisir toute occasion de faire pression sur les décideurs européens, mais a refusé de se présenter à l’audition qu’organisait le Parlement européen pour expliquer son comportement. C’est pour cette raison qu’avec nos collègues du groupe Verts/ALE, nous avons saisi les questeurs pour exiger le retrait des accréditations de la multinationale, comme nous l’avions demandé, avec succès, pour Monsanto en 20175. Si ExxonMobil n’est pas capable d’assumer ses responsabilités, l’entreprise devra au moins assumer son irresponsabilité ! »

Voici la lettre que nous avons envoyé aux questeurs du Parlement européen: Télécharger

  1. Exxon fait déjà face à des poursuites judiciaires dans le Massachusetts et l’État de New York pour dissimulation sur le changement climatique
  2. En 2016, l’ONG Food & Water Europe a déposé une pétition demandant à l’Union Européenne de donner suite à la supercherie climatique d’Exxon Mobil. Une audition publique a été organisé au Parlement européen.
  3. Le Dr Geoffrey Supran, chercheur postdoctoral à Harvard, a co-écrit en 2017 avec la professeure Naomi Oreskes la première analyse universitaire examinée par des pairs de l’historique des communications climatologiques d’Exxon Mobil. Il a témoigné en tant que témoin expert à l’audition du Parlement européen et a confirmé que ça fait 60 ans qu’Exxon Mobil est au courant des impacts de l’exploitation des énergies fossiles.
  4. Un nouveau rapport du Corporate Europe Observatory révèle les derniers chiffres, liens et impacts du lobbying d’Exxon en prévision de la prochaine audience.
  5. Lorsque, en 2017, la société de produits chimiques Monsanto (rachetée par Bayer depuis) a refusé d’assister à une audience publique du Parlement européen sur des allégations d’ingérence réglementaire, les parlementaires ont pour la première fois appliqué de nouvelles règles visant à révoquer l’accès au Parlement pour les entreprises ignorant les sommations.
 

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Par Michèle Rivasi

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