Cigéo: pourquoi les critiques des opposants doivent être prises en compte

Il y a un an, ma visite à Bure confirmait  mes craintes vis-à-vis du projet Cigéo: l’irréversibilité du projet,  les risques d’incendies dues à la fabrication d’hydrogènes, la difficile gestion des déchets bitumineux, l’impact sanitaire des rejets gazeux, les risques d’effondrement de la galerie. Cette semaine, l’avis de l’Autorité environnementale (AE)[1] vient justifier les critiques des opposants au projet Cigéo. 

L’avis de l’AEsur le dossier de l’Andra de déclaration d’utilité publique du projet de stockage de déchets nucléaire à Bure remet en question le mode de stockage en profondeur. Il rappelle « les difficultés rencontrées par les stockages dans le sel gemme, de Stocamine en Alsace dont les alvéoles se referment sur les colis et de Asse en Allemagne, remettent fortement en cause cette assertion, notamment en matière de possibilité effective de récupérer des colis a fortiori lorsqu’ils sont endommagés ».

L’Autorité environnementale met en doute la promesse de réversibilité du projet Cigéo. « L’IRSN souligne que « la possibilité de retrait de colis accidentés avec des moyens définis dès la conception n’a pas été étudiée ». L’AE souligne que le dossier de l’Andra « ne comporte […] pas d’élément qui […] démontre » que cette possibilité de retrait a été étudiée, et demande « des essais en vraie grandeur ».  L’Autorité précise que la réversibilité du site « n’est prévue que pendant une phase assez courte au regard de la longue durée de vie et la nocivité des déchets radioactifs concernés » et que « même pendant cette période des incertitudes demeurent ».

L’Autorité environnementale souligne l’absence d’analyse des risques accidentels liés au projet et de leurs impacts. Elle pointe notamment l’absence d’évaluation des incidences environnementales et sanitaires liées à un fonctionnement en mode dégradé du site ou à une éventuelle situation accidentelle. L’AE estime également qu’il reste à démontrer que l’argile de Bure est bien « le plus adapté pour engager aujourd’hui l’avenir sur plusieurs millénaires » et pointe que les impacts de l’implantation des installations sur la biodiversité ont été minimisés, notamment concernant le Bois Lejuc.

Ces défauts pointés par l’AE remettent en cause les fondements de ce projet et reflètent les critiques portées par les opposants depuis des années. Le projet Cigéo n’a pas d’utilité publique!

Les écologistes sont  contre ce projet dangereux et nous maintiendrons le combat. C’est parce que ce projet de stockage de déchets nucléaires à Bure est irréversible que c’est la pire des solutions.  On ne peut pas imposer quelque chose d’irréversible aux générations futures, pendant des centaines de milliers d’années. L’enfouissement de déchets nucléaires dans des conditions incontrôlées pourrait aboutir à la pollution à grande échelle des eaux souterraines. Il faut se rappeler des catastrophes de StocaMine (Alsace) et de Asse (Allemagne), deux poubelles souterraines qui ont ridiculisé les promesses de sûreté. A Bure, on est dans du gigantisme… Il s’agit d’un projet de 300 km de galeries souterraines.

On nous impose un projet nous presse pour trouver une solution afin de faire oublier les déchets nucléaires, mais la question centrale est d’arrêter la production de déchets nucléaires.


[1] http://www.cgedd.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/210113_cigeo_52_55_delibere_cle26329f.pdf

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Par Michèle Rivasi

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