Le projet CIGEO n’est pas viable: c’est une aberration technique et financière

Communiqué de presse , Bure (Meuse), vendredi 17 janvier

J’ai visité ce vendredi 17 janvier 2020, le projet d’enfouissement de déchets nucléaires Cigéo qui devrait commencer en 2035 et qui consiste à entreposer les déchets nucléaires dans 300 km de galeries à 500 mètres sous terre.

Voici ma réaction:

Les pro-nucléaires aiment nous présenter le projet Cigéo comme la « solution » à l’accumulation de déchets radioactifs. Mais dans ce projet qui a commencé depuis 20 ans, on ne sait pas où on va. Il s’agit encore d’un laboratoire qui n’a encore jamais servit à enfouir de véritables déchets nucléaires. De nombreuses questions restent encore en suspens. Comment empêcher la fabrication d’hydrogène qui peut provoquer des incendies ou des explosions? Comment gérer un accident et assurer la réversibilité, alors qu’on bourre des déchets dans des galeries sans possibilité de revenir en arrière. Que fait-on des déchets bitumineux? Quelles sont les garanties d’éviter des effondrements de la roche alors que l’accident de janvier 2016 n’est toujours pas expliqué? Comment éviter l’impact sanitaire sachant qu’il y aura des rejets gazeux?

En profondeur, rien ne se passe comme en surface. A l’étranger, aucun site d’enfouissement en profondeur ne fonctionne. L’expérience la plus similaire à celle de CIGÉO, le WIPP aux Etats-Unis, a rapidement montré les limites d’un tel choix : deux incendies successifs en sous-sol ont provoqué la contamination en surface de 21 ouvriers. Du Plutonium et de l’Américium se sont échappés à des kilomètres et ont contaminé toute l’installation souterraine. A Asse en Allemagne, les fûts baignent dans l’eau. Même en Suède, la justice a donné un avis défavorable au projet d’enfouissement dans le granite.

Le principal problème de l’enfouissement en profondeur est l’irréversibilité. Pendant des centaines de milliers d’années les déchets enfouis resteront radioactifs et pour lesquels il faudra gérer des problèmes techniques, logistiques ou géologiques. L’enfouissement de déchets nucléaires dans des conditions incontrôlées pourrait aboutir à la pollution à grande échelle des eaux souterraines. Il faut se rappeler des catastrophes de StocaMine (Alsace) et de Asse (Allemagne), deux poubelles souterraines qui ont ridiculisé les promesses de sûreté. Ici, on est dans du gigantisme… Il s’agit d’un projet de 300 km de galeries souterraines.

Le projet Cigéo essaye de faire oublier les déchets nucléaires. Il ne les fait pas « disparaître, il les cache et impose de façon irréversible un paquet empoisonné aux générations futures. La demande d’autorisation de création (DAC) va être déposé à la fin de cette année, alors qu’il n’y a toujours pas de coût arrêté, ni de mécanisme de financement. Le projet Cigéo a donné lieu à plusieurs estimations officielles qui varient entre 25 milliards et 41 milliards euro. Et quel que soit le coût arrêté, le compte n’y est pas car les provisions sont seulement de 6 milliards d’euro. Qui paiera le complément?

Ce qu’il faut, c’est avant tout arrêter de produire de nouveaux déchets. L’industrie nucléaire continue à fabriquer des déchets pour lesquelles on n’a pas de solutions ! Avec les risques d’irradiation auxquels ces activités exposent, on est très loin de l’énergie propre, pas chère et non carbonée à laquelle le lobby nucléaire voudrait nous faire croire !

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Par Michèle Rivasi

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