Secrets d’affaires – Les intérêts privés prévalent sur le droit à l’information

Le Parlement européen a adopté ce jeudi une nouvelle législation protégeant les secrets d’affaires (1). Le groupe Verts-ALE s’est opposé à cette législation qui renforce les droits déjà existants protégeant les secrets d’affaires au détriment du droit à l’information.

Réaction de Pascal DURAND, membre de la Commission des affaires juridiques et Porte-Parole sur les questions de transparence et de démocratie

« En plein scandale des Panama Papers, l’urgence n’était pas de protéger les secrets d’affaires, mais bien les lanceurs d’alerte. C’est pourquoi les écologistes exigeaient le report du vote sur le secret des affaires tant que rien n’était fait pour protéger celles et ceux ont le courage de parler, malgré les poursuites et les pressions, au nom de l’intérêt public. En votant un texte qui fait de l’opacité la règle et de la transparence l’exception, une majorité de députés a donc choisi défendre les intérêts privés plutôt que le droit à l’information. Désormais, les grands groupes pourront décider seuls de ce qu’ils souhaitent rendre publics ou garder secret. L’information des consommateurs, la capacité d’enquête des journalistes, la mobilité des travailleurs sont donc reléguées au second plan des préoccupations politiques. C’est pour rétablir l’équilibre entre la protection de l’intérêt général et des intérêts privés que les écologistes ont donc entrepris la rédaction d’un projet de directive instaurant une protection européenne des lanceurs d’alerte(2). »

Réaction de Michèle RIVASI, Vice-Présidente Verts-ALE et rapporteur de l’opinion en Commission Industrie, Recherche et Energie:

« Cette directive qui élargit de manière inconsidérée la définition du secret d’affaires risque d’avoir un impact négatif sur l’accès à l’information pourtant crucial dans les domaines sanitaires et de l’environnement. Des logiciels truqués de Volkswagen au tabac, en passant par l’amiante ou les denrées alimentaires, les scandales sanitaires ne manquent pourtant pas pour démontrer le caractère fondamental de la transparence aussi bien pour les consommateurs que pour le travail scientifique indépendant. Le cas du glyphosate, dont certaines études sont classées secrets d’affaires, est un autre exemple parlant. Manifestement, l’humeur politique actuelle privilégie l’opacité et la prétendue simplification réglementaire (REFIT) au risque d’affaiblir les législations protégeant la santé et l’environnement. »

(1) Proposition de directive du Parlement européen et du Conseil sur la protection des savoir-faire et des informations commerciales non divulgués (secrets d’affaires) contre l’obtention, l’utilisation et la divulgation illicite sera votée (Rapport Le Grip, PPE, Fr)
(2) La proposition de directive sera présentée le 4 mai au Parlement européen
http://www.greens-efa.eu/the-right-to-speak-out-15199.html

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Par Michèle Rivasi

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