L’Agence internationale de l’Energie (AIE) a publié mardi 29 mai un rapport (1) proposant une série de «règles d’or» destinées à doper l’exploitation des gisements de gaz de schiste. Alors que la Bulgarie, la France, la République tchèque, le Royaume-Uni et la Roumanie ont mis les gaz de schiste sur la touche, l’AIE est convaincue que l’Union Européenne doit favoriser le développement de cette énergie controversée.
Ainsi, Fatih Birol (Chief Economist de l’AIE) est venu présenter ce rapport au Parlement européen le 30 mai, où deux rapports d’initiative sur les gaz de schiste sont actuellement au centre de débats animés.
Pour Michèle RIVASI, vice-présidente du Groupe des Verts-ALE au Parlement européen, l’AIE joue le jeu des industriels: « Seuls les grands groupes de l’énergie ont intérêt à ce que la demande en énergie continue de croître, personne d’autre. Face aux défis climatiques, à la raréfaction des énergies fossiles et à la crise économique, il est préférable de réduire notre facture énergétique (2) pour mettre en place une société sobre en carbone et en énergie. Pourtant, l’AIE s’entête à réaliser des scénarios considérant que la consommation d’énergie ne peut que croître et que pour lutter contre le charbon sale, il n’y a que le gaz de schiste propre. »
« Rendez-vous compte que Fatih Birol, qui est pourtant un grand économiste, a osé avancer que le développement des gaz de schiste permettrait une réduction des prix du gaz, ce qui selon lui aiderait tant au développement…des énergies renouvelables qu’à l’investissement dans l’efficacité énergétique! Un mensonge éhonté au service d’un argumentaire irresponsable: tout le monde sait que seule la crise pétrolière de 1973 et l’augmentation des prix de l’énergie a permis la réalisation des premiers programmes d’économie d’énergie ».
« Ce qui est incroyable, c’est le changement de posture des industriels et des Etats favorables aux gaz de schiste. Il y a un an, ils soutenaient mordicus que les risques liés à l’exploitation des gaz de schiste étaient des fantasmes et que le documentaire de ‘Gasland’ n’était qu’un tissu de mensonges, sans jamais apporter d’autres preuves que l’absence d’études sérieuses. Aujourd’hui, ces mêmes promoteurs reconnaissent que les risques existent mais qu’ils sont contournables si l’on fait les choses sérieusement. Comment croire ceux qui nous ont menti? Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent… ».
(1) Le rapport « Golden Rules for a Golden Age of Gas » est disponible en ligne: http://www.worldenergyoutlook.org/media/weowebsite/2012/goldenrules/WEO2012_GoldenRulesReport.pdf
(2) En 2011, la facture énergétique de la France s’élèvait à 61,4 milliards d’euros, soit l’équivalent de 90% du déficit de la balance commerciale française.
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