Déclin des pollinisateurs : la Cour des comptes européenne constate l’impuissance de la Commission

Selon un nouveau rapport de la Cour des comptes européenne, les mesures prises par l’UE n’ont pas permis d’assurer la protection des pollinisateurs sauvages. La stratégie en matière de biodiversité à l’horizon 2020 est largement inefficace. Et les grandes politiques de l’UE, notamment la politique agricole commune, ne comprennent pas d’exigences spécifiques. Enfin, la responsabilité de la législation de l’UE en matière de pesticides est clairement mise en cause.

« Tout est dit. Nous sommes nombreux, depuis des années et surtout depuis l’accumulation d’études constatant l’ampleur des dommages, à souligner que les actions de l’Union Européenne ne permettait pas d’inverser la courbe de disparition des pollinisateurs. Le rapport de la cour des comptes apporte une pierre de plus au printemps silencieux* que nous laissons s’installer. «Jusqu’à présent, les initiatives lancées par l’UE pour protéger les pollinisateurs sauvages n’ont malheureusement pas été suffisamment ambitieuses pour porter leurs fruits » résume le rapporteur de la cour des comptes.

Ce rapport qui passe en revue l’efficacité des actions et initiatives lancées par l’UE depuis 2018, mais aussi les mesures possibles au sein des législations existantes, montre l’inefficacité et l’impuissance de la Commission à réduire la menace de la disparition des pollinisateurs. Ce rapport retrace aussi l’accablante responsabilité de la Commission dans cette impuissance organisée.

Outre ces échecs, les auditeurs constatent par exemple que la Commission n’a pas fait usage des mesures de conservation de la biodiversité offertes par les programmes, pas même dans le cadre de la directive «Habitats», de Natura 2000 et du programme LIFE. La PAC et les pesticides eux « contribuent au problème et non à sa résolution ». Rappelant ainsi qu’entre 2013 et 2019, 206 autorisations d’urgence ont été octroyées pour l’usage de l’imidaclopride, le thiaméthoxame et la clothianidine, ces neonicotinoides dont l’application faisait pourtant l’objet de restrictions depuis 2013 et dont l’utilisation en extérieur est strictement interdite depuis 2018. C’est révoltant.
Ce rapport met la Commission au pied du mur : nous devons atteindre les objectifs de diviser par 2 l’emploi des pesticides d’ici 2025, d’en sortir d’ici 2030, et faire de ces objectifs des conditions à l’accès à la PAC.

En savoir plus

Le rapport spécial n° 15/2020 «Protection des pollinisateurs sauvages dans l’Union européenne: les initiatives de la Commission n’ont pas porté leurs fruits» 
https://www.eca.europa.eu/Lists/ECADocuments/INSR20_15/INSR_Pollinators_FR.pdf

* Printemps silencieux, de Rachel Carson, est le premier livre, publié en 1962, sur l’empoisonnement de notre environnement par les pesticides. Son succès a entraîné l’interdiction du DDT aux États Unis
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Par Michèle Rivasi

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