Alors que la Commission européenne a présenté aujourd’hui sa communication sur l’état des lieux des énergies renouvelables au niveau européen, un petit scandale émerge et pointe une fois de plus les incohérences des stratégies proposées par la Commission. En effet, un article du Guardian (1) révèle que les fonds du programme Horizon 2020 prévus pour le financement des énergies renouvelables seront en partie détournés au profit de projets gaziers…sous prétexte que le gaz serait une source d’énergie faible en carbone.
Pour Michèle RIVASI, vice-présidente du groupe des Verts-ALE, ce revirement est un véritable bras d’honneur aux ambitions énergétiques de l’UE: « Depuis le début des années 2000 et la stratégie de Lisbonne, la Commission prétend miser sur l’innovation pour maintenir la compétitivité européenne. En temps de crise, ce n’est plus une nécessité mais un devoir, et cette innovation doit aider l’Europe à réduire sa facture énergétique annuelle (2) dans un contexte d’épuisement des énergies fossiles, tout en luttant contre le changement climatique. Pourtant, la Commission tient un double-discours et laisse la part belle au lobby gazier et aux Etats dont l’ambition climatique est bien secondaire, Royaume-Uni en tête. C’est scandaleux, 30 milliards d’euros qui étaient destinés au développement des énergies renouvelables pourront désormais bénéficier à des énergies fossiles déjà largement subventionnées depuis des années, et ce au détriment de la compétitivité de secteurs d’avenir ».
Pour Yves Cochet, député européen du groupe des Verts-ALE à l’origine du rapport « Les subventions aux énergies fossiles dans les pays de l’OCDE » présenté hier au Parlement européen, cette fuite en avant doit cesser: « A l’échelle mondiale ce sont près de 750 milliards de dollars de fonds publics qui sont dépensés pour soutenir la production et la consommation d’énergies fossiles. Les cinq pays européens (dont la France et le Royaume -Uni), subventionnant le plus ces énergies dépensent près de 20 milliards d’euros par an. Supprimer les subventions publiques aux énergies fossiles, conduirait à une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre. Les économies réalisées pourraient être investies dans un avenir énergétique propre et sûr ainsi que dans les emplois verts ».
(1) Voir l’article: http://www.guardian.co.uk/environment/2012/may/29/gas-rebranded-green-energy-eu
(2) L’Europe importe 450 milliards d’euros par an de pétrole et de gaz, dont 60 milliards pour la France (90% du déficit de sa balance commerciale)
[facebook_ilike]Articles similaires :
- Les subventions aux énergies renouvelables sont prioritaires pour garantir le respect des objectifs climatiques européens
- Budget Euratom 2014-2018: l’énergie nucléaire survit sous perfusion, au détriment des renouvelables
- Union de l’énergie: une politique énergétique en déphasage avec l’accord de Paris sur le climat
- Politique énergétique de l’UE: chronique d’un retard programmé