Dans un article du Monde d’aujourd’hui, Arnaud Montebourg tente de théoriser ce que sera le redressement productif dont il est en charge. La réforme du code minier figure en bonne place des chantiers auxquels il s’attaquera, une priorité que soutiennent évidemment les écologistes.
Mais cette réforme semble ne viser qu’un objectif: recouvrer la compétitivité de la France grâce à la reconquête de notre souveraineté énergétique. Et au bout de quelques lignes, ce que tout le monde redoutait apparaît de manière brute: pour M. Montebourg, la question de l’exploitation des gaz de schiste doit être posée.
Pour Michèle RIVASI, députée européenne EELV et co-rapporteure d’un rapport d’initiative du Parlement européen sur l’incidence environnementale des gaz de schiste (1), les déclarations d’Arnaud Montebourg sont inquiétantes: « François Hollande, durant la campagne des présidentielles, a pris de nombreux engagements et cela serait bien qu’il les tienne. Dans une réponse aux interrogations du ‘Collectif 07 Stop au gaz de schiste’ (2), il précisait en avril dernier que ‘pour la France, l’interdiction de l’exploitation des gaz et huiles de schistes est aujourd’hui indiscutable’. Le revirement serait bien rapide, ce serait une grave erreur politique. »
« A vrai dire, en février dernier, François Hollande tenait déjà un discours plus nuancé. Lors d’un entretien sur RTL il avait précisé: ‘il ne faut jamais rien écarter surtout si des recherches démontrent qu’on peut obtenir ce gaz sans nuire à la nature’. Et bien justement, rien n’est prouvé et la Commission européenne est d’ailleurs en train de réaliser ses propres études, tant sur l’impact sanitaire et environnemental de la fracturation hydraulique que sur le bilan carbone du gaz de schiste tout au long de son cycle de vie. Même s’il est urgent d’attendre ces résultats, il est d’autant plus nécessaire d’écouter la parole des Français qui vivent dans les zones potentielles d’exploration/exploitation des gaz de schiste, et qui refusent catégoriquement de voir le patrimoine français être sacrifié pour quelques gouttes de gaz. »
Et Michèle RIVASI de conclure: « Nous devons changer de logiciel énergétique, il ne faut pas foncer tête baissée vers des solutions de facilité à court terme et couper le cordon avec les énergies de la seconde révolution industrielle. Il faut entamer une troisième révolution industrielle avec un déploiement massif des énergies renouvelables décentralisées couplé à un chantier national sur l’efficacité énergétique. Les consommateurs doivent devenir producteurs pour ne plus dépendre des intérêts de multinationales peu soucieuses du bien-être collectif. Quand on prétend défendre l’avenir de la France et de sa jeunesse, quand on prétend incarner le changement, on ne peut décemment pas se permettre de mettre encore plus à mal le droit des nouvelles générations à vivre sans gaz à effet de serre ni nucléaire. »
(1) Voir: http://www.europarl.europa.eu/oeil/popups/ficheprocedure.do?lang=fr&reference=2011/2308%28INI%29
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