Une feuille de route sur l’opérationnalisation de la cohérence des politiques pour le développement.

Nous sommes tous convaincus des priorités du « Green Deal » européen qui vise la réduction des émissions mais aussi, via  la stratégie biodiversité pour 2030 et la stratégie « de la ferme à la fouchette », à  stimuler la production biologique, restaurer les écosystèmes dégradés, protéger nos océans et nos régions côtières; et protéger, restaurer et gérer durablement les forêts.

Pour y arriver, la mise en œuvre du principe de cohérence des politiques pour le développement doit être au coeur de nos actions, notamment sur les questions commerciales:

Une exemple très concret est l’accord entre l’UE est les pays du Mercosur. Ces pays comprennent la majeure partie de la forêt amazonienne, la plus grande forêt tropicale humide de la planète, source d’un stockage de carbone et d’une biodiversité inégales. Comment alors accepter un accord qui va accroître les parts de marché de l’agrobusiness et marginaliser l’agriculture familiale et paysanne  et les systèmes agroforestiers?

Cet accord de libre-échange entraîner une augmentation substantielle des émissions mondiales de gaz à effet de serre et accroître la pression sur la déforestation et favoriser la destruction de la biodiversité. Selon un rapport commandé par le gouvernement français, l’augmentation de la production de viande bovine dans la région du Mercosur suite à l’accord entrainera une augmentation de 25% de la déforestation et la disparition de 36000 km2 de forêt chaque année, soit la superficie des Pays-Bas.

Tout le monde a en tête les images de l’Amazonie en feu qui avaient alerté le monde entier l’an passé. Il faut refuser d’alimenter le modèle économique qui provoque ce type de catastrophes.

  • Nous avons besoin d’une évaluation complète de l’impact direct et indirect des accords de libre échange ctuels de l’UE sur le climat, la déforestation, la perte de biodiversité et les droits humains, notamment les populations autochtones et les communautés locales ;

Un autre exemple d’incohérence est l’exportation de pesticides qui sont interdits chez nous, mais quand même produits pour les exporter dans les pays tiers!

On parle de la vente de plus de 81 000 tonnes de pesticides extrêmement dangereux hors de l’Europe, autorisées sur un an par l’Union européenne et destinées à des pays plus pauvres. Selon les experts des droits humains des Nations unies, quelque 99 % des décès liés à l’utilisation de pesticides se sont produits dans des pays en développement où les réglementations en matière de santé, de sécurité et d’environnement sont plus faibles.

  • La  Commission européenne doit mettre fin le plus rapidement à la politique de « deux poids, deux mesures » en matière de pesticides afin d’assurer la cohérence des politiques pour le développement et nos engagement pour le Green Deal.

La stratégie « de la ferme à la table » devrait promouvoir la transition mondiale vers des systèmes agroalimentaires résilients, équitables et durables partout dans le monde.

Pour cela, il faut arrêter les concurrences déloyales créées sur les marchés locaux. Exemple du lait: Depuis la suppression des quotas laitiers en 2015, les exportations de lait écrémé en poudre de l’UE n’ont cessé d’augmenter.   Les pays d’Afrique de l’Ouest sont les principaux importateurs de lait écrémé en poudre de l’UE et une part croissante des importations laitières de l’UE est constituée de poudre de lait maigre mélangée à des matières grasses végétales (mélange-MGV), le plus souvent de l’huile de palme, 12 fois moins chère que la matière grasse laitière.

C’est une concurrence déloyale: ce produit est vendu environ 30% moins cher que la poudre de lait entier sur le marché africain. On ne peut pas faire des politiques de développement promouvant le secteur laitier local et de l’autre avoir des politiques commerciales et agricoles invasives.

  • J’invite la Commission européenne à établir une  feuille de route sur l’opérationnalisation de la cohérence des politiques pour le développement.

Intervention en commission parlementaire DEVE avec la commissaire européenne en charge des partenariats internationaux lors du dialogue annuel sur les priorités de le Commission européenne, 22 avril 2021:

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Par Michèle Rivasi

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