Politique laitière européenne sur la production locale de lait en Afrique : mon rapport adopté !

La nouvelle vient de tomber ! Mon rapport à propos de « la politique laitière de l’Union européenne sur la production locale de lait en Afrique » a été adoptée  le 28 septembre par l’assemblée parlementaire paritaire ACP-UE*.

Et c’est une excellente nouvelle, car cette résolution veut répondre à l’inondation de lait en poudre européen sur le marché local africain. Etant subventionné et transformé, il vient faire une concurrence déloyale et perdre des emplois aux producteurs locaux. Ce rapport tend, également, à renforcer  les politiques agricoles et commerciales de l’Union européenn.

Interdisons le dumping de produits laitiers 

Récemment adopté, ce rapport demande instamment à l’Union européenne d’interdire toute forme de dumping de produits laitiers et de poudre de lait enrichie en matière grasse sur les marchés africains, notamment en régulant la production laitière de manière à éviter les excédents structurels, et de cesser de promouvoir les exportations de mélanges de produits laitiers et de poudre enrichie en matière grasse qui mettent en danger le secteur laitier africain.

Des exportations de lait européen en augmentation

Depuis la suppression des quotas laitiers en 2015, les exportations de lait écrémé en poudre de l’UE n’ont cessé d’augmenter.  L’Union européenne est un acteur majeur sur le marché mondial du lait écrémé en poudre, représentant environ 30 % des exportations mondiales. Les pays d’Afrique de l’Ouest sont les principaux importateurs de lait écrémé en poudre européen et une part croissante des importations laitières de l’UE est constituée de poudre de lait maigre mélangée à des matières grasses végétales (mélange-MGV), le plus souvent de l’huile de palme, dont la production a des conséquences sur l’environnement. En 2018, 74.9% des exportations européennes de poudres de lait vers l’Afrique de l’Ouest ont consisté en mélange-MGV. La commercialisation de ces mélanges importés intensifie la pression concurrentielle sur la production laitière locale. Ce mélange est vendu jusqu’à 30, voire 50% moins cher que le vrai lait produit localement car il bénéficie largement des faibles tarifs douaniers de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), soit 5% pour le lait. Ces conditions de prix bas incitent les unités de transformation locale en Afrique de l’Ouest à utiliser le faux lait au détriment du lait local qui, en saison de bonne production, se vend alors difficilement. 

Comment répondre à cette problématique ? 
En 5 points, ma résolution... 
  1. Rappelle l’importance de garantir la cohérence des politiques pour le développement (CPD), notamment en respectant le principe « ne pas nuire » en évitant la création d’externalités négatives. Il affirme la nécessité de changer le paradigme de la Politique agricole commune (PAC), de l’agriculture industrialisée vers l’agro-écologie.
  2. Souligne la nécessité d’un changement de paradigme de l’agriculture industrialisée vers des systèmes agroécologiques diversifiés, qui reposent sur des chaînes d’approvisionnement courtes.
  3. Réaffirme que les interventions de la PAC doivent donc contribuer au maintien de la diversité génétique des semences, des plantes cultivées, des animaux d’élevage et domestiqués et des espèces sauvages qui leur sont apparentées, tandis que la conformité de la PAC avec la cohérence des politiques pour le développement doit être évaluée sur une base régulière, entre autres en utilisant les données du mécanisme de suivi
  4. Insiste pour que le financement et l’aide extérieure de l’Europe à l’agriculture soient conformes à la nature transformatrice de l’Agenda 2030, de l’Accord de Paris sur le climat et de la Convention sur la diversité biologique, et pour qu’ils donnent la priorité, en conséquence, aux investissements dans l’agroécologie, l’agroforesterie et la diversification des cultures, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Union européenne.
  5. Met l’accent sur le fait que la politique européenne de coopération au développement devrait soutenir les organisations de producteurs, développer un soutien technique à long terme afin d’améliorer la collecte de lait local et les mini-laiteries, et encourager l’étiquetage clair du contenu des produits et la promotion des produits laitiers locaux auprès des consommateurs ouest-africains.
Favoriser les partenariats bilatéraux et la coopération !

Nous demandons ainsi à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et à ses Etats membres…

… de mener une politique laitière volontariste afin de protéger ses agriculteurs et ses industries locales de lait et de produits laitiers infantiles en combinant des mesures fiscales et des programmes de soutien à la production, à la collecte et à la transformation du lait local, et en élaborant des politiques qui régulent les investissements étrangers dans l’intérêt public et édictent la préférence locale dans les marchés publics.

En face, la politique commerciale de l’Union européenne et des accords de partenariat économiques doit être critiquée…

Les Accords de partenariats économiques (APE) de l’Europe ne doivent ni perturber l’agriculture locale et porter préjudice aux petits producteurs, ni exacerber la dépendance aux importations alimentaires. Les APE actuels empêchent les pays d’Afrique de l’Ouest de consolider leurs économies et de donner la priorité à la production locale. Nous souhaitons que l’UE de permettre un plus grand degré de protection à la fois pour les marchés locaux des pays ACP et pour son industrie naissante en révisant en profondeur et en levant l’obligation, incluse dans de nombreux APE (qu’ils soient ratifiés ou non), d’abolir ou de réduire radicalement les mécanismes de protection.

* Cette assemblée est composée de députés au Parlement européen et de représentants et élus des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique signataires de l’accord de Cotonou.

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Par Michèle Rivasi

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