Rapport sur la sécurité du nucléaire : les 5 risques pointés

Le rapport parlementaire sur la sécurité des centrales nucléaires françaises, remis jeudi 5 juillet au Président de l’Assemblée nationale François de Rugy pointe de lourds dysfonctionnements dans la filière nucléaire. Synthèse des travaux d’une commission d’enquête parlementaire qui s’est heurtée au secret défense pour réaliser ses travaux, le texte fait 33 propositions pour améliorer la sécurité du nucléaire.

 

Michèle Rivasi, députée européenne écologiste, co-fondatrice de la CRIIRAD, co-rapporteure au Parlement européen sur la gouvernance de l’énergie : Le rapport parlementaire pointe, et c’est heureux que cela émane de députés de la majorité même si cela fait longtemps que je le dis, divers problème lourds en matière de sécurité :

• L’important recours à la sous-traitance : »80% de la maintenance sur le gros matériel » est notamment confiée à des entreprises tierces par EDF, explique Jean-Christophe Niel, directeur général de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, un organisme public.
• Des sites vieillissants : cela est une « menace pour la sûreté« . Greenpeace affirme avoir « découvert récemment que des tuyaux d’alimentation en eau de refroidissement étaient rouillés« . On connaît aussi les pièces utilisées dans la conception de centrales alors qu’elle n’étaient pas conformes aux normes fixées en amont comme pour les cuves de l’EPR.
• Une gestion des déchets sans solution : Le rapport soulève le problème du stockage dans des piscines si l’alimentation en eau froide de ces déchets est défaillante, c’est l’accident garanti. De même, est évoqué le fait que les parois des piscines sont vulnérables. « L’entreposage à sec semble plus sûr et moins cher« , estiment les députés. Cette solution est largement utilisée à l’étranger.

Le texte s’attaque au projet de stockage à long terme de déchets sous terre, sur le site de Bure (Meuse). Contesté par les écologistes, il présente, selon le rapport, des « risques en termes de sûreté » et « de sécurité« . Les députés encouragent à « poursuivre l’étude d’une autre solution« , le stockage en « subsurface », c’est-à-dire à une profondeur moindre.  Je partage bien sûr cette analyse.

• Une protection contre le terrorisme inadaptée : Greenpeace l’a démontré cette semaine en faisant s’écraser un drone contre la centrale du Bugey, le risque terroriste en matière du nucléaire est négligé.

Pour ma part, pour améliorer la sûreté et la sécurité nucléaire, je préconise :
une extension des compétences de l’ASN de la sûreté à la sécurité nucléaire également ;
une prohibition de la sous-traitance dans le domaine du nucléaire car elle implique une perte d’expertise et de savoir faire, utile en cas de failles de sécurité majeure ;
un calendrier de fermeture des centrales les plus vétustes et ayant le plus d’incidents

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Par Michèle Rivasi

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