Paru le 24 Mars 2015 dans Le Parisien-Aujourd’hui en France
Santé. Quatorze élus et experts en santé réclament une refonte totale de la politique du médicament. Pour eux, une économie de 10 Mds EUR par an est possible.
LA FUTURE LOI santé peut faire beaucoup mieux pour réduire la facture médicaments de la France : 10 MdsEUR pourraient même être économisés, estiment les quatorze signataires, experts et élus, d’une lettre ouverte adressée aujourd’hui à la ministre de la Santé.
Des signataires de renom. Dans ce collectif informel, on trouve Irène Frachon, pneumologue et lanceur d’alerte sur le Mediator, la juge Laurence Vichnievsky, le professeur Philippe Even — auteur du « Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux » –, Daniel Cohn-Bendit et Michèle Rivasi, deux députés européens (Europe Ecologie-les Verts), Corinne Lepage, avocate, Séverine Tessier, la présidente d’Anticor, Serge Rader, pharmacien lanceur d’alerte…
Et les signataires de donner moult exemples. Ainsi, nous a expliqué hier Michèle Rivasi, « le non-respect du décret du 27 octobre 1999, qui coûte très cher à la collectivité. Et pour cause… ce décret stipule que lorsque l’Agence chargée d’évaluer les médicaments considère qu’un nouveau venu n’apporte aucun progrès par rapport aux produits disponibles, il ne peut prétendre être remboursé par l’assurance maladie que s’il apporte une économie. Or, précise l’élue, l’Effient, par exemple, un des derniers anti-agrégants plaquettaires, a obtenu un prix de vente de 52,86 EUR, malgré son absence de progrès, alors que le Plavix, équivalent, est vendu 25,28 EUR et la version générique (Clopidogrel) à 18,03 EUR. Les cas similaires foisonnent, pourquoi ? » interroge-t-elle.
Globalement, ce collectif reproche à la ministre de la Santé de n’avoir prévu aucun objectif dans son texte de loi pour réduire les dépenses de médicaments, alors que, poursuit Michèle Rivasi, « on se fait asphyxier par les labos qui organisent même la pénurie de vaccins pour vendre des injections multivaccins, plus chères ( lire nos éditions du samedi 21 mars 2015). Dans ce cas, par exemple, on devrait pouvoir pénaliser les laboratoires qui sont en rupture de stock. »
Jugeant « très opaque » notre système de fixation de prix des médicaments, ces élus et experts demandent donc une réforme complète du Comité économique des produits de santé, chargé de fixer les tarifs. « Aujourd’hui, dans les faits, ce sont les labos qui fixent les prix, souvent sans rapport avec le coût réel. A cause d’eux, des milliers de patients souffrant d’hépatite C ne sont pas soignés ! »
Leur doléance est plus large : « Il faut mettre fin aux conflits d’intérêts avec les laboratoires. » Le collectif demande ainsi que l’on instaure une lourde amende contre les labos qui ne déclareraient pas tous leurs liens avec des médecins, conformément à la loi. « Et 24 MEUR ont encore été donnés en cadeau aux médecins de 2012 à 2014 ! » rappelle la députée.
Le collectif reproche à Marisol Touraine de n’avoir rien prévu dans sa future loi santé pour réduire les dépenses de médicaments.
Pour retrouver l’appel pour une Opération Mains Propres sur la santé et le signer: http://mains-propres-sur-la-sante.fr/
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