Des milliers de fissures ont de nouveau été découverts dans les cuves des réacteurs belges Doel 3 et Tihange 2. Fait extrêmement inquiétant : ces fissures peuvent être dues ou aggravées par des phénomènes de corrosion, communs à l´ensemble des réacteurs aujourd’hui en fonctionnement.
Réaction de Michèle Rivasi, eurodéputée écologiste co-fondatrice de la Criirad:
« Depuis mi-2012, les cuves des réacteurs de Doel 3 et Tihange 2 ont fait l´objet d´inspections suite à la découverte de micro-fissures (d´une largeur de 20 mm). L´autorité de sûreté nucléaire belge affirmait alors qu´il s´agissait d´alvéoles apparues lors de la fonte de l´acier de la cuve et qu´elles ne menaçaient pas sa tenue. Les réacteurs avaient même été redémarrés en mai 2013 avant que l´on ne découvre une fragilité plus forte que théoriquement prévue, menant à un nouvel arrêt : personne ne connaît le comportement d´une cuve qui contient des fissures (défauts d´hydrogène) et surtout pas sa résistance aux phénomènes de vieillissement.
Le 13 février dernier, nouvelle fracassante, deux scientifiques annoncent que ces fissures peuvent être aggravées ou même être dues à la migration d´atomes d´hydrogène de l´eau du circuit primaire.
L´opérateur GDF Suez a déclaré être prêt à sacrifier un de ses réacteurs pour réaliser des tests destructifs. Si ces tests confirment l´irruption et l´aggravation de fissures lors de l´utilisation « normale » de la cuve d´un réacteur nucléaire, alors cela devient un problème mondial. Selon le directeur de l´autorité de sûreté belge : « Ceci pourrait être un problème pour l´ensemble de l´industrie nucléaire. La solution est de procéder à des inspections poussées des 430 réacteurs nucléaires. »
La cuve est un élément fondamental de la sûreté nucléaire. Que ce soit soudainement ou suite à un choc thermique lors d´un arrêt « bénin », une rupture de cuve peut entraîner la perte du liquide de refroidissement et mener à un accident nucléaire avec rejets de radioéléments et fusion du cœur. C´est un événement hors dimensionnement qui n´a pas été envisagé pendant la conception ! Rappelons que la cuve et l´enceinte de confinement des réacteurs sont les deux éléments qui ne peuvent physiquement pas être remplacés.
Les réacteurs belges de Doel 3 et Tihange 2 ont respectivement 33 et 32 ans. En France, ce sont plus de 24 réacteurs qui ont déjà dépassé cette durée d´utilisation. L´Autorité de Sûreté Nucléaire doit exiger d´EDF une inspection totale et en profondeur de l´ensemble des cuves du parc nucléaire français. Si l´origine des fissures belges par vieillissement est confirmée, il faut alors complètement revoir la politique de prolongation des centrales au-delà des 30 ans et ceci à l´échelle mondiale. A la veille des commémorations des accidents de Tchernobyl et Fukushima, c´est une nécessité absolue ».
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