Energie et climat: plus forts ensemble

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Alors que 2016 a été l’année la plus chaude de l’Histoire, l’Union de l’énergie doit sortir de sa torpeur et mettre en place un système de gouvernance solide afin de respecter les engagements pris dans le cadre de l’accord de Paris, estiment Michèle Rivasi et Claude Turmes.

Michèle Rivasi et Claude Turmes sont eurodéputés et co-rapporteurs sur la législation portant sur la gouvernance de l’Union de l’énergie

Le constat scientifique est sans appel et nous alerte sur le rythme du réchauffement climatique. Notre rapport en prend acte et demande l’adoption d’un vrai budget carbone de l’UE, c’est-à-dire d’une comptabilisation de la quantité maximum de gaz à effet de serre que l’UE peut encore émettre pour nous permettre de vivre dans un monde où le changement climatique est limité à 1,5°C d’ici la fin du siècle. Nous appelons également la Commission à prendre en compte le « parent pauvre » de la politique climatique, à savoir le méthane. Étant donné le fort impact du méthane sur le réchauffement climatique et sa courte vie atmosphérique, l’Union doit évaluer rapidement les options à sa disposition pour en limiter les émissions et développer une véritable stratégie sur le méthane. Le budget carbone et la stratégie sur le méthane doivent ainsi devenir les bases d’une planification fiable à l’horizon 2050.

La seule option viable pour l’Union est de parvenir à un bilan carbone nul, grâce à une politique volontariste portant conjointement sur les puits de carbone et la réduction massive des émissions. En conséquence, une gouvernance forte et inclusive va de pair avec l’adoption d’objectifs plus ambitieux pour 2030 en matière d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables.

Dans un contexte où le coût des technologies de production d’énergie à partir de sources renouvelables diminue, il est grand temps de libérer l’immense potentiel des nombreuses et puissantes forces motrices qui nous entourent : les villes et les régions, les citoyens, les coopératives, les investisseurs, les entreprises… Renforcer la gouvernance ne signifie pas imposer de nouvelles obligations aux États membres. Renforcer la gouvernance signifie mobiliser et coordonner tous ces acteurs. L’Europe change. L’Europe devient de plus en plus verte. Prenons acte de ce changement plutôt que de chercher à l’enrayer. Laissons-nous une chance de limiter le réchauffement climatique. Ne nous verrouillons pas dans un avenir pollueur. Soyons plus forts ensemble pour défendre une plus grande prospérité commune, des emplois plus nombreux, un air plus pur, et un environnement plus durable. Car en effet, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables nous permettront d’améliorer la qualité de l’air, de réduire les risques géopolitiques liés à la dépendance énergétique, et de générer une croissance verte ainsi que des millions d’emplois supplémentaires en Europe.

L’UE doit regagner la confiance des citoyens. À la suite des élections françaises, une nouvelle impulsion pro-européenne est attendue. Elle doit s’accompagner d’une législation européenne fiable, d’objectifs contraignants et d’investissements paneuropéens dans des secteurs affectant la vie quotidienne de chacun, tels que la rénovation thermique et l’électromobilité.

Bonne nouvelle : les États membres ne sont pas seuls face à ce défi!

Les collectivités territoriales (villes et régions) sont déjà largement engagées dans la transition énergétique, comme en témoignent les 7 000 villes représentant 226 millions d’habitants réunies dans la Convention des maires, autour d’un plan d’action visant à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40% d’ici 2030. Les initiatives citoyennes, telles que les coopératives énergétiques, fleurissent partout en Europe. Les investisseurs institutionnels sont prêts à s’engager massivement dans la transition énergétique: pas plus tard qu’hier, des fonds de pension représentant 18 milliards d’euros d’investissement (plus que le PIB de l’UE, et six fois celui  de l’Allemagne) ont apporté leur soutien à la réalisation d’objectifs ambitieux en matière d’efficacité énergétique. Le secteur privé n’est pas en reste : de nombreuses entreprises se sont rassemblées dans le mouvement RE100 pour passer à un mix énergétique 100% renouvelable. La gouvernance multi-niveaux que nous proposons doit ainsi être conçue comme un atout pour aider les États membres à atteindre leurs objectifs. Cela implique une transparence totale, condition préalable pour construire un large consensus social autour du changement climatique et de la transition énergétique.

Nous proposons également que les États membres se rassemblent au-delà des frontières en partenariats macro-régionaux. Ces partenariats permettront de réaliser un déploiement optimal, au moindre coût, des réseaux intelligents, des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique. Les mers du Nord, la mer Baltique, l’Europe du Sud-Est, l’Europe centrale et occidentale et enfin le bassin méditerranéen sont des zones géographiques où les États Membres ont énormément à gagner s’ils agissent ensemble. De tels partenariats macro-régionaux pourront identifier les projets d’énergie renouvelable d’intérêt commun pour l’Union de l’énergie (tels que des fermes éoliennes en mer, des centrales photovoltaïque à échelle industrielle, des projets transfrontaliers encouragés par les villes), et la Commission se doit d’établir une plateforme financière dédiée au soutien de ces projets.

Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de ne pas agir ensemble. Notre rapport sur la gouvernance de l’Union de l’Énergie propose des mesures pour éviter les regrets à l’avenir et mettre toutes les chances de notre côté. À la veille d’un Conseil énergie informel très important à Malte, où certains États membres conservateurs tenteront de réduire l’ambition de l’efficacité énergétique, nous exhortons les dirigeants européens à ne pas sacrifier leur chance d’agir en visionnaires au nom de calculs politiques de court terme.

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Par Michèle Rivasi

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