ACCORD DE PARTENARIAT ECONOMIQUE AVEC LES ILES SALOMON : LES INTERETS COMMERCIAUX AVANT L’URGENCE CLIMATIQUE…

Le Parlement européen a malheuresement donné son accord (534 /145 /13) à l’adhésion des Îles Salomon à l’accord de partenariat économique intérimaire (APEi) entre la Communauté européenne, d’une part, et les États du Pacifique, d’autre part. Les Verts /ALE se sont opposés à cette adhésion, comme ils s’opposent à tous les accords de partenariat économique dont la principale caractéristique est le libre-échange. L’adhésion enfermera davantage le pays dans une existence uniquement d’exportateur de ressources. Les conséquences directes sur la population européenne seront marginales, mais les conséquences indirectes sur les populations locales, le changement climatique et l’environnement des Iles Salomon seront conséquentes.

Réaction de Michèle RIVASI, coordinatrice du Groupe des Verts pour la Commission DEVE :

« Les Îles Salomon exportent principalement du bois exotique (69,7%), du poisson en conserve (7%) et de l’huile de palme (4%). Avec un accord de libre-échange et l’exploitation d’huile de palme, le commerce de bois illégale augmentera. Le FMI prévoit un épuisement complet des forêts des Îles Salomon dans un avenir proche et l’ONG Global Witness donne un délai de 15 ans. Concernant la surexploitation des stocks de poissons, elle est déjà en cours aux Iles Salomon  et ne va cesser d’augmenter avec la multiplication des navires étrangers. Ce genre d’accord va à l’encontre de nos combats pour la souveraineté alimentaire. L’épuisement des stocks de poissons met en péril la survie des populations locales et accentue la destruction des océans vivants. De plus, si le commerce continue de croître, les émissions de CO2 du transport maritime international augmenteraient de 50% à 250% d’ici 2050. Or les premières régions à souffrir du changement climatique (marées montantes, ouragans, etc) sont les régions côtières et les îles.

Il faut également rappeler que les Îles Salomon ont quitté l’ITIE (Extractive Industry Transparency Initiative) en 2016, car elle ne respectait pas ses normes. Cette information est préoccupante étant donné que les Îles Salomon cherchent à procéder à l’extraction des fonds marins pour extraire des matériaux à partir de nodules polymétalliques. Cette industrie émergente a un impact environnemental et écologique potentiellement élevé, allant à l’encontre de la position du Parlement européen en faveur d’un moratoire international sur l’exploitation minière commerciale en haute mer, comme indiqué dans sa résolution sur la gouvernance internationale des océans du 16 janvier 2018. Les activités d’exploitation minière en haute mer doivent être menées avec une grande prudence afin d’éviter des dommages irréversibles à l’écosystème.

Présentation d’un nodule métallique en commission parlementaire Developpement au Parlement européen le 6 novembre 2019

Alors que nous parlons d’urgence climatique, on ne peut accepter des accords de libre-échange. Le principal défi à relever dans les relations commerciales de l’UE avec les îles Salomon est sa diversification économique, tout en assurant la résilience de ses écosystèmes par le prise en compte de la lutte contre la surpêche et la surexploitation des forêts comme mesures d’atténuation du changement climatique. »

Le Parlement européen a malheuresement donné son accord (534 /145 /13) à l’adhésion des Îles Salomon à l’accord de partenariat économique intérimaire (APEi) entre la Communauté européenne, d’une part, et les États du Pacifique, d’autre part.

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Par Michèle Rivasi

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