Vieillissement des centrales nucléaires : un enjeu crucial de sûreté qui ne doit pas être confisqué par EDF

L’institut Wise-Paris vient de publier le 25 février un rapport commandité par Greenpeace sur les défis liés à l’échéance des 40 ans de durée de vie du parc nucléaire français. Dans ce long document, Wise-Paris revient sur les phénomènes de vieillissement, non-maîtrisés, la diminution des marges de sûreté, et analyse les coûts des travaux liés à une extension de la durée de vie des réacteurs.

Pour Michèle Rivasi, députée européenne EELV, cet édifiant rapport est un signal lancé au Gouvernement :

« La future loi française de transition énergétique semble échapper de plus en plus au Gouvernement. Pourquoi n’entend-on aujourd’hui que le son de cloche d’EDF, planifiant tranquillement son grand carénage (1) et la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires à 60 ans, dans le dos des citoyens ?

Le rapport de Wise Paris a le mérite de mettre les choses au point, malgré l’opacité qui règne dans ce domaine. Les coûts des travaux nécessaires à la prolongation de la durée de vie des centrales peuvent atteindre jusqu’à 4 fois le montant des investissements annoncés par EDF (actuellement 55 milliards d’euros) ! Ce qui, autrement dit, signifie qu’EDF est aujourd’hui en train de rogner sur les dépenses et les investissements nécessaires, au détriment de la sûreté du parc. De son côté, l’ASN engage tant bien que mal un bras de fer avec l’opérateur au sujet de la sûreté : « rien n’est acquis », EDF semble « dépassé par les événements »… Les propos du régulateur sont on ne peut plus critiques. Personne n’est dupe : un coup de colle ultra-forte ne suffit pas à colmater les fissures du Tricastin.

S’il ne respecte pas ses engagements de réduction de la consommation d’énergie couplée à une réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité – et donc la fermeture programmée de centrales – le Gouvernement français hypothèquera l’avenir de la politique énergétique française. Ne rien décider aujourd’hui, c’est se retrouver au pied du mur pour les 10 années à venir, et approuver en catimini l’allongement de vie des centrales alors que les alternatives à ce choix gaullien existent. Et c’est surtout accroitre le risque aussi statistique qu’inacceptable d’un accident nucléaire majeur sur le territoire français.

Dans la lignée de cet élan demandant plus de transparence et de participation de la société civile, j’organise avec Nuclear Transparency Watch un séminaire européen sur le vieillissement des centrales nucléaires le 19 mars prochain au Parlement européen. Le débat sur le vieillissement ne doit pas être confisqué par les opérateurs avec la complicité des gouvernements, c’est pourquoi ce séminaire réunira des représentants de la société civile, d’opérateurs, de régulateurs et de membres des institutions européennes ».

(1) programme de maintenance lourde envisagé par EDF pour prolonger la durée de vie de ses centrales nucléaires.

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Par Michèle Rivasi

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