Un village des Hautes-Alpes se propose comme refuge pour les électrosensibles (La Croix)

Par Floris Bressy, La Croix 23/1/14 – 10 H 24, voir l’article en ligne

Alors qu’une proposition de loi pour limiter l’exposition aux ondes électromagnétiques arrive en discussion à l’assemblée jeudi 23 janvier, le petit village de Saint-Julien-en-Beauchène, dans les Hautes-Alpes, valorise ses « zones blanches » pour accueillir les personnes électrosensibles.

C’est un petit village tapi dans les Monts du Devoluy, aux confins de la Drôme et des Hautes-Alpes. Saint-Julien-en-Beauchène est situé à quelques vallées de Gap, au bout d’une route sinueuse où le téléphone ne passe pas très bien. Voire plus du tout, pour peu que l’on avance vers la forêt domaniale de Durbon.

Mais alors que beaucoup de communes rurales se battent encore pour résorber ces « zones blanches » (sans téléphone ni Internet, la municipalité et un certain nombre d’habitants ont fait le choix inverse, proposant d’y accueillir des personnes qui ne supportent pas les ondes. Ils sont soutenus dans cette démarche par la députée européenne Michèle Rivasi (EELV), la région Paca et… la Sécurité sociale.

UNE INTOLÉRANCE AUX ONDES

« Il y a trois ans, des personnes sont venues s’installer chez nous parce qu’elles étaient électrosensibles. C’est là que j’ai pris conscience de ce problème, explique le maire divers gauche Jean-Claude Gast. Nous avons compris que l’absence de réseau était pour nous davantage un atout qu’un handicap ».

Les « hyperélectrosensibles » sont des personnes qui développent une intolérance aux ondes électromagnétiques émises par nos appareils domestiques (radios, télévisions, wi-fi, téléphones portables). Les foyers sont de plus en plus équipés tandis que les opérateurs réseaux étendent chaque jour un peu plus la couverture. Du coup, de plus en plus de personnes se plaignent d’intolérance.

UNE PATHOLOGIE NON PROUVÉE

Reste que l’existence d’un syndrome d’hypersensibilité aux ondes n’a jamais pu être prouvée scientifiquement, mais fait partie des syndromes inexpliqués. Une étude a été lancée par l’Inserm-Université de Toulouse pour tenter de comprendre de quoi souffrent les hommes et surtout les femmes – elles sont majoritaires – concernés par ce problème. Ses premiers résultats doivent être publiés à l’été 2014.

Le maire, lui, fait valoir que les électrosensibles passés par sa commune s’en sont trouvés mieux. « Il ne s’agit pas d’attirer tout les électrosensibles d’Europe pour qu’ils s’installent chez nous, prévient le maire, mais plutôt de faire une sorte de centre de remise en forme, sur le modèle des cures ou des sanatoriums », poursuit-il. Car l’intolérance peut disparaître comme elle est venue.

UN TEST GRANDEUR NATURE DÈS LE PRINTEMPS

Pierre Le Ruz, expert européen en rayonnement ionisant et président du Centre de recherche et d’information indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques (Criirem), a été mandaté par la région PACA pour effectuer les mesures à Saint-Julien. « À part le bruit de fond naturel, et un peu de télévision, il n’y a aucune autre fréquence dans le secteur que nous avons arpenté. Ce sont des conditions optimales », précise le chercheur.

Reste à savoir si la zone blanche est vraiment bénéfique pour les concernés. « Chaque organisme réagit différemment à l’exposition, poursuit Pierre Le Ruz. La prochaine étape du projet consiste à faire tester l’endroit par les électrosensibles eux-mêmes ». Ce sera fait au printemps prochain.

Si l’expérience est concluante, une structure d’accueil pourrait voir le jour dans un ancien centre de vacances de la sécurité sociale. Les locaux sont là, qui attendent d’être rénovés. « Avec une équipe médicale sur place, ce serait une première en France, souligne Jean-Claude Gast. Mais nous n’en sommes qu’à l’avant-projet », prévient toutefois le maire, qui redoute un peu l’emballement médiatique. Car depuis que l’idée a fait le tour des milieux électrosensibles, la mairie a déjà reçu des demandes d’installations…

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Par Michèle Rivasi

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