Transparence des données: les petits pas de l’Efsa (Journal de l’environnement)

15 janvier 2013 18:36
Journal de l’environnement

Bisphénol A, phtalates, aspartame et surtout OGM. Depuis quelques années, l’agence européenne pour la sécurité alimentaire est dans le collimateur des eurodéputés sur ces dossiers. L’étude Séralini portant sur le MON810 (JDLE) a amplifié la crise de confiance. C’est dans ce contexte houleux que l’Efsa a annoncé «le lancement d’une initiative majeure destinée à faciliter l’accès aux données pour renforcer la transparence dans l’évaluation des risques». De quoi s’agit-il? «De rendre les données scientifiques pertinentes plus accessibles à toutes les parties intéressées», précise l’Efsa dans un communiqué. Concrètement, les données brutes des études d’évaluation des risques –fournies par les industriels et analysées par l’Efsa- seront rendues publiques sur son site internet. Jusqu’à présent, l’agence se réservait le droit de divulguer ces informations à qui bon lui semblait.

« Il y a encore 5 ans, elle refusait en bloc de transmettre la moindre information à quiconque », rappelle Michèle Rivasi.

L’eurodéputée est à l’initiative d’une lettre ouverte, signée par une cinquantaine d’eurodéputés de tous bords, qui tire à boulets rouges sur les méthodes d’évaluation des agences sanitaires européennes, et de l’Efsa en particulier. « Il faut dépoussiérer les protocoles d’évaluation et les gens qui décident des protocoles », déclare Michèle Rivasi. Quid du secret industriel, qui pourrait être menacé par ces divulgations? « Si un appliquant souhaite garder le secret industriel sur certaines données, cela est discuté avec la Commission européenne et ces informations ne seront pas rendue publiques. Mais elles restent évidemment disponibles au groupe d’experts scientifiques de l’Efsa » précise le service de presse de l’agence au Journal de l’environnement. « On ne demande pas à voir les formules précises, précise Michèle Rivasi. Ce qui nous intéresse, ce sont les bases toxicologiques et expérimentales utilisées par l’Efsa pour évaluer les conséquences environnementales et sanitaires des substances ».

Les données sur le maïs NK603 sont les premières rendues publiques par l’Efsa. Corinne Lepage, lors d’une conférence de presse organisée au Parlement européen à Strasbourg aux côtés de Gilles-Eric Séralini, a demandé que les données sur le Roundup soient également publiées. «Alors que c’est le pesticide le plus utilisé en Europe, l’Efsa ne les a apparemment pas et il n’y a eu aucune étude sur le long terme», s’est étonnée l’eurodéputée.

Les eurodéputés signataires réclament la création d’un fonds «permettant le financement d’études contradictoires et indépendantes (…), abondé par les industriels (car ce n’est pas aux contribuables de financer de telles études)». Ils demandent à ce que la Commission européenne leur propose «un cadre législatif portant sur la qualité et l’intégrité des processus d’expertise ainsi que sur la prévention des conflits d’intérêt, notamment en ce qui concerne les agences européennes».

L’Efsa revient de loin en matière de transparence, comme de récents scandales l’ont démontré. Corinne Lepage en avait vertement dénoncé les dérives à l’occasion de ses 10 ans. En mai 2012, c’est Diana Banati, la présidente controversée du conseil d’administration de l’agence, qui faisait ses bagages. Sa participation au conseil d’administration de l’Ilsi, un lobby industriel (auquel les grands semenciers OGM étaient partie prenante) avait eu raison de sa carrière, après des mois d’atermoiements.

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Par Michèle Rivasi

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