Agence France Presse ECOFI
20 Septembre 2013
Karine PERRET, Pierre Glachant
Les annonces de François Hollande à la conférence environnementale ont rassuré les écologistes, qui s’impatientaient de connaître les intentions réelles du chef de l’Etat en matière d’écologie, mais leurs relations avec l’exécutif, souvent tumultueuses, restent à la merci du moindre malentendu.
« Evidemment, on ne va pas bouder notre plaisir », a déclaré Pascal Durand, numéro un d’Europe Ecologie-les Verts. « Un certain nombre des propositions que nous avions formulées et que nous souhaitions voir apparaître dans son discours sont là », a-t-il dit, qualifiant de « très bonne nouvelle » le fait que M. Hollande mette « la priorité sur la transition énergétique ».
« On sait maintenant quel est le cap », s’est félicitée la ministre écologiste du Logement Cécile Duflot, tandis que pour son collègue au gouvernement Pascal Canfin, « le train de la transition énergétique est lancé ».
« On n’a pas basculé dans le renoncement ou la reculade », a déclaré François de Rugy, coprésident du groupe EELV à l’Assemblée, alors que la semaine dernière encore il affirmait que le budget 2014 n’était pas « votable en l’état ». Jean-Vincent Placé, chef de file des sénateurs écologistes, a salué des « perspectives positives ».
Au-delà de ces propos enthousiastes, il n’en reste pas moins que les relations entre EELV et l’exécutif viennent de traverser une nouvelle phase délicate, née la semaine dernière de la controverse suscitée par l’annonce par Philippe Martin, ministre de l’Ecologie, qu’il n’y aurait pas de taxation du diesel. Puis par les propos comminatoires lancés samedi par Pascal Durand à l’adresse de François Hollande, l’enjoignant de dévoiler ses intentions sur la transition énergétique.
Le numéro un d’EELV a même dû démentir la rumeur, selon laquelle le Premier ministre aurait réclamé « sa tête » au prochain congrès d’EELV fin novembre, à la suite de sa sortie de samedi.
Le départ début juillet de Delphine Batho du ministère de l’Ecologie, pour raison de désaccord sur son budget alloué pour 2014, avait lui aussi suscité des questions sur la place de l’écologie dans la politique du gouvernement, qui en est à son troisième ministre pour ce portefeuille en un an. Certains membres d’EELV avaient alors relancé le débat sur leur participation au gouvernement.
« La transition énergétique n’est pas un choix de circonstance, n’est pas un compromis, n’est pas une négociation. La transition énergétique, c’est une décision stratégique. Ce n’est pas un problème, c’est la solution », les a assurés vendredi François Hollande.
Le discours présidentiel constitue l’aboutissement des débats sur la transition écologique engagés il y a un an qui ont « un peu échauffé les esprits, car pendant ce temps-là, on ne savait pas ce qui allait se passer », relève Daniel Boy, du Cevipof, auprès de l’AFP .
« Les annonces sont assez ambitieuses, maintenant c’est le passage à l’acte. Si à un moment on voit que le passage à l’acte est retardé, cela va de nouveau poser des problèmes… Quand on arrive aux décrets d’application, c’est là qu’on voit les choses », ajoute ce politologue.
« Ces gages ne sont pas suffisants »
Selon lui, « il peut y avoir encore dans les mois à venir des mauvaises humeurs sur telle ou telle décision. La cacophonie n’est pas forcément terminée avec les annonces » de ce vendredi. « La ligne rouge » pour les écologistes concerne en particulier les gaz de schiste. « Le jour où il y a des permis d’exploitation, ils s’en vont » du gouvernement, prédit M. Boy.
Pascal Durand a légèrement tempéré sa satisfaction en disant qu’il attendait dès samedi « du Premier ministre (qui intervient en clôture, ndlr) quelques éléments un peu plus concrets notamment sur le développement de l’industrie du renouvelable, parce qu’il y a beaucoup d’emplois à créer et très rapidement ».
Pour Michèle Rivasi, députée européenne EELV, » il faudra attendre l’inscription dans la loi de ces engagements pour que l’on cesse de se demander ce qu’on fait dans ce gouvernement ».
Jean-Vincent Placé n’a pas caché une certaine lassitude devant ces crises à répétition: « je n’ai pas envie chaque année de devoir monter au créneau trois semaines avant la conférence environnementale ».
Noël Mamère, député-maire de Bègles, s’est montré très sceptique. François Hollande a « voulu donner des gages aux écologistes pour qu’ils puissent dire +nous restons au gouvernement et nous votons le budget+. Pour moi ces gages ne sont pas suffisants. Les propositions qui sont faites restent dans un flou assez accablant ».
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