Le Parlement européen a voté aujourd’hui pour la révision de la législation européenne sur le recyclage des navires, en vue de prévenir l’échouage des vieux navires dans les pays non membres de l’OCDE. Cependant, les eurodéputés ont rejeté une disposition cruciale, établissant un instrument financier essentiel à l’appui de cette mesure pour engager le recyclage des navires.
Pour Michèle RIVASI, eurodéputée verte du Grand Sud-Est :
« Actuellement, 94% des navires mondiaux et la plupart des navires de l’UE sont envoyés en Asie du Sud-Est à la fin de leur vie, où ils sont échoués, avec leurs matières dangereuses qui fuient et causent des conditions inacceptables pour la santé et l’environnement. C’est une pratique honteuse, qui contourne les règles de l’UE en vertu de laquelle l’exportation de déchets dangereux vers des pays non membres de l’OCDE est interdite.
Ces navires vont surtout se faire « démanteler » au Bangladesh où le rachat des épaves est plus élevé qu’en Europe. Le but de la taxe proposée dans le règlement était de réajuster les prix et de rendre concurrentiel le recyclage des navires ici en Europe, grâce à une filière dédiée… et locale !
Je m’étais justement rendue à Marseille fin mars pour discuter, avec Sophie CAMARD et des syndicats, de la création d’une telle filière industrielle. Mais force est de constater que ce vote est un mauvais signal pour les emplois de proximité que le démantèlement de ces navires peut créer sur Fos-Marseille.»
En effet, il existe un grand potentiel en région PACA pour créer cette filière industrielle de recyclage des navires.
Sophie CAMARD, co-présidente du groupe des élus EELV au Conseil Régional PACA réagit au vote : « Je suis très déçue de l’absence de mécanisme financier dans ce règlement. Le conseil régional avait adopté le 12 avril à l’unanimité un vœu offensif, qui s’adressait à l’Europe, « Pour un démantèlement des navires réglementé et durable ». Nous continuerons à nous mobiliser pour implanter cette activité sur notre territoire, même si elle sera de taille plus modeste en l’absence de filière financée à l’échelle européenne. Nous avons un projet en cours à Fos-Martigues, avec des industriels et le Grand Port Maritime de Marseille, qui reste d’actualité.»
Jean-Louis HORON de la CGT du Var conclut : « Avec ce vote ne validant pas le principe pollueur-payeur, on peut craindre que les anciennes pratiques ayant des conséquences irréversibles sur l’environnement et sur la santé des travailleurs perdurent. Nous devons continuer à travailler ensemble localement sur le projet de création d’une filière industrielle de recyclage des navires. »
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