La crise sanitaire, une crise écologique à résoudre d’urgence

Michèle Rivasi, députée européenne Europe Ecologie/ Les Verts (EELV), s’est rendue le 26 octobre à Balbronn, en Alsace, à la rencontre d’agriculteurs pour évoquer le sujet de la crise sanitaire avec Eva Joly, candidate EELV à la présidentielle.

Alors que le ministère en charge de l’agriculture présentait ce même jour un point d’étape du plan Ecophyto 2018 du Grenelle, EELV rappelle les faiblesses d’un tel plan visant à diviser par deux l’utilisation des pesticides avant 2018. Il s’agit en effet d’une formulation ambiguë, qui ne précise pas s’il s’agit de diviser le tonnage global ou celui de la matière active. Par ailleurs, d’après un rapport présenté par l’INRA, l’objectif de 50% annoncé par le gouvernement impliquerait un changement de modèle agricole. Or ce n’est pas du tout le chemin qui est pris. L’agriculture conventionnelle est plus que jamais soutenue, tandis que la bio l’est beaucoup moins : les aides à la conversion existent, mais il y a peu d’aides pour l’accès au foncier, la formation, ou pour rendre les produits accessibles aux classes les moins favorisées.

L’objectif du déplacement des deux élues était d’écouter les témoignages de viticulteurs en phase de conversion à l’agriculture biologique, qui ont créé l’association Typhlo (du nom de l’araignée mangeuse d’araignées rouges ravageuses, utilisée à la place de pesticides). L’expérience et les économies réalisées en utilisant moins de pesticides, ont amenés chaque membre de ce groupe à se passer de ces produits nocifs pour la santé.

Elles ont également rencontré un jeune agriculteur victime de la maladie de Parkinson, qui s’est déclarée 10 ans après un accident qui l’a exposé à de fortes doses de produits phytosanitaires. Cette maladie dégénérative ne se développe normalement que bien plus tard dans une existence. C’est pourquoi le lien avec l’exposition aux pesticides ne fait pour le jeune homme pas de doutes et qu’il tente aujourd’hui de faire reconnaître sa maladie comme maladie professionnelle, mais il s’agit d’un véritable parcours du combattant. Il est pour cela aidé par l’association Phyto-victimes.

«La meilleure manière de lutter contre ces maladies, reste la prévention. Et cela ne s’applique pas qu’au secteur agricole. Cancers, maladies cardio-vasculaires, obésité, diabète, problèmes de reproduction et respiratoires se multiplient en France : aujourd’hui, le cancer touche un homme sur deux et une femme sur trois, il y a 350.000 nouveaux cas par an ! Notamment à cause de l’influence de toutes sortes de lobbies : lobby du sucre, de fabricants de pesticides…», a déclaré Michèle Rivasi.

«La diminution du nombre de ces maladies passera par une alimentation de qualité et de proximité. Il faut commencer cette prévention dès le plus jeune âge, en développant les cantines scolaires bio pour le plus grand nombre. La création de partenariats avec des agriculteurs locaux, stimulera l’emploi et la reconversion des exploitations, et rétablira le lien de confiance entre agriculteurs et consommateurs qui s’est fortement dégradé face au développement de la malbouffe. Du champ à l’assiette, notre alimentation a un impact sanitaire et écologique que nous devons combattre».

«ll faut par ailleurs une médecine indépendante. Dans le cas de la médecine du travail, ce sont les employeurs qui payent les médecins. La prévention passe également par une moins grande consommation de médicaments. Les français sont les plus grands utilisateurs d’anti-dépresseurs, c’est un indice d’un véritable mal-être. Le retour au niveau de consommation de médicaments de 2004 permettrait d’économiser plus de 3 milliards d’euros», ajoute la députée européenne.

En somme, l’explosion du budget de la sécurité sociale ne pourra être combattue que par la mise en place d’une véritable politique de prévention et de réduction des risques auxquels nous sommes exposés au quotidien.

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Par Michèle Rivasi

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