Décès de Pierre Pellerin: la mémoire des victimes françaises de Tchernobyl bafouée à jamais

Le professeur Pierre Pellerin, grand spécialiste du nucléaire et mis en cause pour avoir minoré l’impact du nuage de Tchernobyl sur la santé, est décédé dimanche 3 mars à l’âge de 89 ans.

Michèle RIVASI, députée européenne EELV et fondatrice de la Criirad (*), s’est longtemps battue pour faire reconnaître par la justice la responsabilité de Pierre Pellerin dans la mauvaise gestion de l’accident de Tchernobyl sur le sol français. Il avait nié l’importance des retombées radioactives et ce mensonge avait empêché de prendre les dispositions nécessaires à la bonne protection de la population. Aujourd’hui, la disparition de P. Pellerin ne doit pas remettre en cause le travail de reconnaissance et de mémoire des victimes de Tchernobyl, en France comme ailleurs.

« Il y a quelques mois encore, la justice française rendait un non-lieu contre Pierre Pellerin, dans ce qui sera sûrement l’un des derniers procès intenté contre des dirigeants français au sujet de la catastrophe de Tchernobyl. Alors que nos pays voisins prenaient des mesures interdisant la consommation de lait et produits agricoles au lendemain de Tchernobyl, Pierre Pellerin a prétexté l’innocuité des retombées radioactives pour légitimer l’inaction d’un gouvernement français décidé à ne pas entacher la réputation du nucléaire en France », déplore l’eurodéputée.

« Pourtant des milliers de personnes en France sont aujourd’hui affectées par Tchernobyl et l’épidémie de cancers de la thyroïde qui s’en est suivie. Ces victimes n’ont jamais eu le droit à la reconnaissance du préjudice qu’ils ont subi: leurs droits ont été bafoués par le secret nucléaire et je ne saurai l’accepter. Sans condamnation par la justice, sans mémoire collective des conséquences sanitaires de la catastrophe, la France est condamnée à répéter ses erreurs, à cautionner le mensonge d’Etat ».

Et Michèle RIVASI de conclure: « Le professeur Pellerin rentrera dans l’Histoire, non pas pour avoir su protéger la population française contre les dangers de Tchernobyl, mais comme un criminel qui n’aura jamais été puni. Sénèque a dit ‘le bon juge condamne le crime sans haïr le criminel’, mais il a aussi dit ‘le coupable est celui à qui profite le crime’. Ainsi, le juge ne reconnaîtra jamais les victimes, le crime restera impuni et le nucléaire coupable ne sera jamais condamné. Une preuve de plus que là où commence le nucléaire s’arrête la démocratie ».

(*) La Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité  a été créée quelques jours après la catastrophe de Tchernobyl, afin de faire la lumière sur les mensonges de l’Etat français entourant les retombées radioactives de l’accident nucléaire.

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Par Michèle Rivasi

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