Cour des Comptes : le nucléaire coûte cher, encore plus cher, toujours plus cher et empêche l’avènement de la transition énergétique

Dans son rapport annuel, rendu public mercredi 10 février, la Cour des comptes tente de comprendre quel va être le coût de la maintenance du parc nucléaire français d’ici à 2030. Cette facture dépendant encore (et toujours) de facteurs inconnus, les coûts et investissements restent difficiles à évaluer.

Réaction de Michèle RIVASI, eurodéputée écologiste :

« La Cour des Comptes estime que le maintien du parc actuel coûtera 100 milliards d’euros en maintenance d’ici à 2030. Très bien, mais la politique énergétique française continuera de naviguer à vue tant que deux des dispositions de la loi sur la transition énergétique n’auront pas été précisées. En effet, le plafonnement de la capacité de production nucléaire à son niveau actuel (63,2 GW) et la réduction d’ici à 2025 de la part du nucléaire à 50% de la production d’électricité conditionnent les investissements à réaliser. La Programmation pluriannuelle de l’énergie doit impérativement transcrire ces deux dispositions en actes, tout en intégrant la nécessaire réduction de la consommation énergétique, telle que voulue par la loi.

Concernant le plafonnement, il s’agit dorénavant de savoir quelle centrale nucléaire devra fermer…si jamais l’EPR de Flamanville fonctionne un jour. Les promesses de Hollande sur Fessenheim n’ayant pas été tenues, il va bien falloir trancher un jour. Quant à la réduction de la part du nucléaire à 50% dans le mix électrique, cela suppose la fermeture de 17 à 20 réacteurs, et là encore il va falloir décider quelles centrales devront fermer en priorité. À l’évidence, les plus vétustes et les plus vieilles devraient être ciblées, mais rien n’est moins sûr.

Il ne faut surtout pas que la situation actuelle mène à un chantage de l’industrie nucléaire, qui risque de nous imposer ses choix une fois que nous serons au pied du mur: allonger la durée d’exploitation des centrales au détriment de la sûreté. Une décision qui revient à l’Autorité de sûreté nucléaire, qui reste très critique à ce sujet ».

Et Michèle RIVASI de conclure : « L’État doit sortir du flou car il faut prévoir les investissements pour tenir nos engagements européens, et notamment l’objectif de 23 % d’énergies renouvelables (dans la consommation finale d’énergie). Aujourd’hui nous n’en sommes qu’à 14 %, nous plaçant seizième sur vingt-huit, bien loin de l’excellence environnementale voulue par le Président Hollande. Et si ce dernier souhaite encore honorer ses promesses électorales et l’accord signé entre EELV et le PS, c’est maintenant qu’il doit annoncer la fermeture d’une centrale. Pour y parvenir avant la fin du mandat, il lui faudra un ou une Ministre de l’Écologie et de l’Énergie qui osera s’imposer. Il ou elle pourra compter sur le soutien des écologistes pour y parvenir, de même que pour développer les énergies renouvelables ».

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Par Michèle Rivasi

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