Conférence environnementale : beaucoup de bruit pour rien

Tribune publiée sur Planet.fr

La Conférence environnementale s’est achevée et la COP 20 a pris le relais. Le Président nous a gratifié en ouverture de ce grand raout d’un discours volontariste et animé axé autour de la démocratie environnementale qui reste à inventer après le drame de Sivens, d’une ode à la croissance verte et du gel des subventions aux énergies fossiles pour les pays du Sud. Il a affiché quelques ambitions concernant la lutte contre les pesticides, la préservation de la biodiversité et la santé-environnement. Rien en revanche sur la fiscalité écologique et les transports, secteurs pourtant clés pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et la pollution et réorienter l’économie vers le durable et sa relocalisation. Mais la volonté toute gaulliste et mitterrandienne de « laisser sa trace », celle d’un « accord historique sur le climat » en 2015.

Pas sûr par contre que le Premier Ministre Manuel Valls ne veuille laisser de trace face à la dette environnementale. S’il a dans son discours de clôture affirmé que le tout diesel fut une « erreur » sans préciser toutefois comment lutter contre les dégâts qu’il génère, il a dans le même temps réaffirmé que le nucléaire est un « atout pour la France » et a repris la rengaine du primat de l’économie sur l’écologie qui ne doit pas « être un frein ». Il reste droit dans ses bottes et dans son logiciel productiviste datant des « 30 glorieuses ».

J’ai participé aux deux journées de cette conférence environnementale comme eurodéputée invitée à la table-ronde sur la santé environnement. Force est de constater que la Ministre de la Santé Marisol Touraine n’a pas pris conscience de l’impact environnemental dans la crise sanitaire et que la future loi Santé ne sera pas à la hauteur des enjeux.

Il faudra donc attendre pour que l’Etat lutte contre les perturbateurs endocriniens, développe la recherche sur les maladies environnementales et sur les maladies émergentes ainsi que sur la phagothérapie pour faire face à la résistance aux antibiotiques, mette en place des « zones blanches » dans chaque région pour les électrohypersensibles, lutte contre les substances chimiques dans divers secteurs : jouet, textile, cosmétique, agro-alimentaire et rompe avec les campagnes de vaccination obligatoire.

Enfin, les écologistes exigeaient à l’orée de cette conférence l’abandon officiel des grands projets inutiles et écologiquement insoutenables fleurissant partout en France de l’aéroport de Notre Dame des Landes, au barrage de Sivens en passant par le Lyon-Turin, le projet Eon de biomasse de Gardanne qui menace la forêt méditerranéenne, le Center Parc de l’Isère, l’OIN de la Plaine du Var… Aucun moratoire ni aucune remise en cause n’a été obtenue.

Les lobbys ont encore de beaux jours devant eux pour appliquer leur fameux crédo des 3D : « On décide, on désinforme, on diffère ».

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Par Michèle Rivasi

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