ITER : un projet du passé

J’étais le 9 janvier dernier à Forcalquier pour présenter, avec son auteure, un livre que j’ai préfacé : Soleil trompeur, d’Isabelle Bourboulon. Une enquête minutieuse sur le projet ITER qui à quelques kilomètres de là, détruit 180 hectares de terres depuis maintenant plus de 10 ans pour construire un réacteur nucléaire expérimental.
Depuis 2007, la France est en effet le siège d’un projet de recherche mondial sur la fusion nucléaire, plus précisément à Cadarache dans les Bouches-du-Rhône. La promesse des promoteurs de ce projet : industrialiser la production d’une source inépuisable d’énergie, provoquée par la fusion d’atomes de Deutérium et Tritium, au lieu de la fission d’un atome de plutonium ou d’uranium comme c’est le cas pour les réacteurs actuels.
Son coût jusqu’à présent : 45 milliards d’euros, soit 9 fois plus que son budget initial. Mais les Français ont sans doute pris l’habitude des dépassements de budget dans le nucléaire, car aujourd’hui l’opposition citoyenne à la construction de ce réacteur, si elle était forte il y a quelques années, connaît une phase d’accalmie. Avant la prochaine tempête ?..
Certains scientifiques annoncent déjà que les ressources planétaires nécessaires pour industrialiser ITER seront insuffisantes. C’est le cas de Thiéry PIERRE, Docteur ès Sciences et Physicien des Plasmas Chauds au CNRS. S’il soutient le développement de la « science des plasmas » qui accompagne tout projet de recherche sur la fusion nucléaire, il affirme que les ressources planétaires ne suffiront pas à alimenter une filière industrielle.
Une énergie phénoménale est nécessaire pour fusionner les atomes de Deutérium et de Tritium. « Il faut en effet bien garder à l’esprit que la fusion nucléaire […] consiste à essayer de reproduire en laboratoire, en essayant de la contrôler, la réaction de la bombe H », dit-il. Il faut également du béryllium pour recouvrir les parois du four qui contiendrait cette réaction atomique qui implique de garder une température de 150 millions de degrés à l’intérieur… Or la totalité des gisements de cette substance présente à l’état naturel sur la planète ne permettrait d’entretenir que quelques réacteurs seulement dans le monde.
Comment donc se fait-il que le consortium international des 35 pays engagés dans ITER ne fasse pas machine arrière ? On sait que le choix du nucléaire en France, dans les années 70, n’a aucune autre logique que celle de l’expérimentation, du prétendu progrès scientifique, mais surtout de la croyance inébranlable en la technologie.
Le nucléaire est une technologie qui a créé les plus grandes catastrophes humaines au monde, d’Hiroshima à Tchernobyl, de Fukushima à la prochaine ville qui connaîtra un drame nucléaire. L’embrasement de certaines élites françaises influentes pour le nucléaire n’a décidément rien de rationnel.
Une démonstration admirablement menée par Isabelle Bourboulon. Je vous invite à lire son livre en vous rendant chez votre libraire, que vous pourrez sélectionner ici : https://frama.link/_QYQfjPo
Un texte de Thiéry PIERRE, autre que celui cité dans cette publication, est disponible en ligne ici : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02112048/

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Par Michèle Rivasi

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