Suite à la tentative d’attentat commise sur le vol entre Amsterdam et Detroit le 25 décembre 2009, le Conseil de sécurité intérieure s’est prononcé pour le déploiement rapide dans les aéroports français de scanners dont le premier exemplaire français est testé depuis le 22 février à l’aéroport de Roissy. Différents types de scanners existent, principalement à rayons X ou à ondes dites « millimétriques ». Outre des questions fondamentales de liberté des personnes et de droit à l’intimité, ces équipements soulèvent aussi des questions sanitaires.
Début février, le Comité Inter-Agence sur la Sécurité des Rayonnements (IACRS) qui regroupe des organisations comme l’OMS et la Commission Européenne, a déconseillé l’usage pour les femmes enceintes et les enfants aux scanners corporels à base de rayons X. Un avis partagé le 22 février par l’institut de radioprotection et de sureté nucléaire (IRSN).
« Concernant les scanners à ondes millimétriques, il n’existe en réalité que très peu d’études sur les impacts sanitaires, avertit Michèle Rivasi, députée européenne Europe Ecologie. Ces appareils rayonnent des micro-ondes comprises entre 24 et 30 Ghz, des fréquences utilisées par ailleurs pour les radars, civils ou militaires. Aucune étude ne permet aujourd’hui de dire que ces rayonnements sont sans danger. Certaines démontrent même le contraire avec, selon l’AFSSET, des effets biologiques potentiels « notamment sur les organites riches en membranes ou encore sur les échanges ioniques ». »
Les micro-ondes utilisées par ces scanners génèrent une exposition de la peau, mais aussi de certains organes peu profonds et riches en eau (cristallins, seins, testicules). « Ces appareils fonctionnent comme des radars devant lesquelles les voyageurs devront rester durant deux secondes. Ces personnes sont-elles averties qu’elles doivent à tout prix fermer les yeux ou ne pas porter de lunettes ou de bijoux en métal pour éviter de surexposer leur visage ou d’autres parties de leurs corps ? »
« Encore une fois, les choses se font dans la précipitation et sous la pression du lobbying des fabricants de scanners. On met en place des prototypes sans études préalables et sans même savoir faire les mesures de ces nouvelles fréquences. Comment s’assurer aussi que la puissance de ces scanners est correctement dosée ? Nous sommes tous des cobayes » regrette Michèle Rivasi, également biologiste et fondatrice du Criirem. « Et au nom de quoi ? D’une sécurité renforcée ? La banalisation de ces techniques me semble totalement disproportionnée et peu justifiée, ajoutant une nouvelle source de pollution électromagnétique à supporter par nos organismes » précise l’eurodéputée.
Tant que des études sérieuses n’auront pas confirmé l’absence d’impacts sur la santé, Michele Rivasi demande « un moratoire sur l’utilisation par le public de ces scanners corporels ».
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