Nuage d’iode 131 en Europe: manque de transparence et inefficacité des systèmes d’alertes radiologiques

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a fait état le 11 Novembre de la présence d’iode 131 dans l’atmosphère en République tchèque et dans d’autres pays européens, à des niveaux ne présentant aucun risque pour la santé. L’IRSN a pour sa part rendue publique cette information mardi.

Aujourd’hui, les autorités sont toujours incapables de trouver une raison et une origine à cette présence anormale d’iode 131 dans l’atmosphère, ce qui a poussé Michèle RIVASI (fondatrice de la CRIIRAD) à saisir les institutions européennes.

Dans une lettre adressée aux Présidents du Parlement européen (Jerzy Buzek), de la Commission (Manuel Barroso) et du Conseil (Herman Von Rompuy), mais aussi au Commissaire à l’Energie (Gunther Oettinger), elle détaille les raisons de son inquiétude et appelle à une totale transparence:

« Le temps de réaction de l’AIEA pose déjà en soi un problème: les autorités tchèques avaient déjà mesuré des taux anormaux d’iode 131 depuis fin octobre et ont tardé à notifier l’AIEA. Aujourd’hui ce sont 10 pays européens, représentant une surface de plus de 2 millions de kilomètres carrés qui ont relevé des taux inhabituels. Pourtant personne n’est capable – du moins officiellement – de trouver ni l’origine, ni la cause de cette anomalie. C’est préoccupant.

Certes, les niveaux constatés à l’échelle européenne ne seraient pas dangereux pour la santé humaine. Mais que ce soit une centrale nucléaire (1) ou un site industriel (médical) à l’origine de ces rejets, les riverains peuvent courir un risque sanitaire non négligeable et jusqu’à présent aucune communication ne permet ni de les identifie, ni de les informer. Alors que l’on vante le nucléaire comme une technologie de pointe dont les risques sont calculés et maîtrisés, comment se fait-il que personne ne soit à même de retracer le trajet des rejets et trouver leur origine? Ne dispose-t-on pas d’une modélisation tenant compte de phénomènes météorologiques passés?

Pourtant nous disposons de deux instruments pour avoir accès aux données concernant la contamination de l’air. Le système européen d’échange d’informations en cas d’urgence radiologique (ECURIE) a-t-il été activé? Et qu’en est-il des balises de détection mises en place par l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (CTBTO)? Combien de temps attendre encore avant d’obtenir les résultats? Autant de questions qui démontrent qu’on ne dispose pas actuellement d’un système d’alerte européen efficace, pertinent et dont les données seraient accessibles à tout citoyen européen. »

(1) l’AIEA suggère que la cause de cette présence anormale ne serait pas liée à un accident dans une centrale nucléaire, puisqu’un seul type de radionucléide est incriminé.

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Par Michèle Rivasi

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