François Fillon met en danger notre système de santé: vers la mise en place d’un comité « vigie-santé »

Les observateurs ont beaucoup glosé sur la vision libérale-conservatrice, voire traditionnaliste du candidat François Fillon à la présidence de la République. Si l’indignation a été importante pour déplorer la casse sociale et le délitement des services publics qu’occasionnerait la suppression de 500 000 postes dans la Fonction publique ou le retour aux 39 heures payées 37, la suprême régression sociale est la remise en cause de l’héritage de notre Etat-Providence fondé notamment sur l’égal accès à tous aux soins.

François Fillon a dit vouloir supprimer l’aide médicale d’État (AME) dont bénéficient les étrangers en situation irrégulière ainsi que le tiers-payant obligatoire généralisé qui vient d’être voté avec la loi Touraine. Il prévoit aussi le désengagement dans l’Hôpital public déjà bien malade. Mais surtout, François Fillon vise à mettre en place une distinction dans les remboursements des dépenses de santé entre les traitements des maladies graves et de longue durée (qui continueront à être remboursés de la même manière par la Sécurité sociale) et « le reste » qui sera pris en charge par des complémentaires santé privées.

Nous voilà donc avec ce programme dans un système à double vitesse, une privatisation de notre système de santé publique ne garantissant plus l’universalité d’accès aux soins et sapant les fondements mêmes de la Sécurité sociale fondé sur la solidarité nationale. La Sécu est un facteur essentiel de cohésion sociale et de solidarité dont seul l’Etat peut être garant. Saper ses fondements, c’est porter un coup de grâce à l’héritage du CNR « Les jours heureux » et les acquis de l’après-guerre qui ont permis la création de la Sécurité sociale sous l’égide du général de Gaulle.

La mise en oeuvre de ce programme ferait régresser la France, qui a pourtant été pendant des décennies championne du monde dans le domaine de la santé publique et accentuerait les inégalités entre nos concitoyens dans un pays en proie déjà à de lourdes fractures sociales et territoriales qu’il convient de réparer plutôt que d’amplifier.

Je vais dès demain prendre l’initiative de la mise en place d’un collectif de vigilance avec des professionnels de la santé et des usagers du service public pour questionner et interpeller l’ensemble des candidats à la présidentielle et lancer des alertes quand ces programmes nous paraissent en contradiction avec l’intérêt général et la pérennisation de notre système de santé.

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Par Michèle Rivasi

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