[Communiqué] Michèle Rivasi : « Nous devons admettre la réalité de la contamination radioactive plutôt que chercher à minimiser l’impact de ces rejets dans la Pacifique »

Malgré l’opposition des pêcheurs locaux et de pays proches, le Japon a commencé à rejeter depuis le 24 août, dans l’Océan Pacifique, l’eau contaminée aux particules radioactives stockée dans plus d’un millier de cuves sur le site de Fukushima. Contrairement aux dires du gouvernement japonais, l’impact de ces rejets ne doit pas être sous-évalué, estime la députée européenne Michèle Rivasi, qui s’oppose également à la levée des contrôles européens sur les aliments importés depuis la zone de Fukushima. Plus d’un million de tonnes d’eau vont être déversées durant plusieurs décennies. Michèle Rivasi dénonce une fausse solution dangereuse et demande le renforcement des contrôles. 

« Nous faisons face à une communication officielle qui cherche à banaliser ces rejets. Il est mensonger de dire que tout va bien. Les eaux contaminées qui vont être rejetées à la mer ne sont pas sans risque. Utilisées pour refroidir les coeurs en fusion des réacteurs de Fukushima, ces eaux contiennent tous les radio-éléments produits par ces coeurs en fusion. Les opérations de refroidissement n’ont pas cessé depuis 2011, et l’eau contaminée, filtrée via des résines, continue d’être entreposée en occupant tout l’espace disponible. Maintenant que les capacités de stockage sont saturées sur place, les autorités veulent se débarrasser de l’eau contaminée.

Nos demandes de contrôle indépendant sont restées lettre morte, et nous n’avons jamais obtenu l’autorisation d’analyser le contenu de cette eau contaminée. Si bien que nous ne savons pas précisément ce que contient cette eau de refroidissement radioactive.

Une soixantaine de radio-éléments dans l’eau contaminée

Les communiqués officiels insistent sur le tritium. Le tritium est de l’hydrogène radioactif, qui ne peut pas être filtré. Mais en plus de contenir du tritium, on estime que l’eau contaminée de Fukushima contient encore après traitement une soixantaine de radionucléides (Strontium-90, Cobalt-60, Iode-129, Carbone-14 ou encore Ruthénium-106, entre autres radio-éléments).

L’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) a conclu en mai 2023 que ces rejets d’eau contaminée, tels qu’ils ont été planifiés, « auront un impact radiologique négligeable sur la population et sur l’environnement ». Je n’ai aucune confiance dans les déclarations de l’AIEA dont l’une des missions est la promotion du nucléaire civil. Cette contamination radioactive va en effet « se diluer » dans l’eau du Pacifique, tout en se concentrant dans les éléments de la chaîne alimentaire. Ce sont donc les algues, les crustacés et les poissons qui peuvent concentrer au fil du temps cette contamination.

Hors de question d’arrêter les contrôles !

Plusieurs pays riverains contestent la décision japonaise. La Chine, notamment, a décidé de suspendre toute importation de produits de la mer provenant du Japon. Que fait-on en Europe ? On allège les contrôles sur les importations, au lieu de les renforcer. Car il faut poursuivre les contrôles à l’entrée de l’UE sur les denrées provenant du Japon, en insistant sur la mesure du Strontium-90 et celle du tritium. J’ai d’ailleurs déposé une objection contre la décision de la Commission, qui sera discuté et voté au Parlement européen, en commission ENVI, le 21 septembre prochain. »

Par Michèle Rivasi

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