Fermeture de Fessenheim: EDF joue la montre et l’intox, le gouvernement doit réagir

Michèle RIVASI, députée européenne EELV, a formellement rencontré hier Francis ROL-TANGUY, délégué interministériel à la fermeture de la centrale nucléaire et à la reconversion du site de Fessenheim.

Hasard du calendrier, le Journal du Dimanche (JDD) venait de nous apprendre qu’EDF comptait demander une compensation faramineuse (5 à 8 milliards d’euros) dans le cas où la fermeture de Fessenheim serait anticipée.

Suite à son entretien avec M. ROL-TANGUY, Michèle RIVASI s’indigne de l’attitude d’EDF: « Henri Proglio, directeur d’EDF, joue un rôle d’obstruction dans le processus actuel: il joue la montre pour empêcher que les engagements de François Hollande soient respectés. La loi de 2006 sur la transparence a donné tout pouvoir à EDF et l’ l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) concernant la fermeture des réacteurs, rendant impossible la fermeture rapide d’un réacteur sur décision politique. C’est pourtant ce qui avait eu lieu en 1997 lors de la fermeture de Super Phénix sous le gouvernement Jospin ».

« Pour autant, EDF peut très bien déjà travailler sur le plan de fermeture et le remettre en temps voulu, c’est à dire lorsque la loi découlant du Débat National sur la Transition Énergétique (DNTE) sera votée. Pour s’assurer que la fermeture sera effective en 2017, EDF doit monter un dossier précisant les modalités de fermeture. Ce dossier sera transmis à l’ASN qui déclenchera alors l’enquête publique validant la fermeture. Mais aujourd’hui, EDF n’a même pas répondu à la demande de calendrier de M. Chevet, directeur de l’ASN! ».

« EDF fait par ailleurs de l’intox en surévaluant les coûts compensatoires de la fermeture anticipée de Fessenheim: les chiffres avancés – 5 à 8 milliards selon le JDD – sont exorbitants et sans aucune justification valable. Premièrement, EDF part du principe que la centrale pourrait voir son extension de durée de vie dépasser les 10 ans, ce qui dépendra de la volonté de l’ASN et non celle d’EDF. Deuxièmement, la dernière visite décennale du réacteur 1 a eu lieu en 2009 et la prochaine aura donc lieu en 2019. Il est donc impossible de gager que Fessenheim puisse encore fonctionner jusqu’en 2022: le calcul doit donc être fait sur 7 ans et non 10! ».

Et Michèle RIVASI de conclure: « L’État est l’actionnaire majoritaire d’EDF, il a donc tous les moyens de mettre en œuvre ses ambitions. Aujourd’hui, plus que jamais, on voit bien que l’industrie nucléaire est un État dans l’État capable de bloquer les décisions prises au plus haut niveau. Je ne me lasserai jamais de le répéter, ce n’est pas aux industriels de décider de l’avenir énergétique du pays: le gouvernement doit faire preuve de fermeté pour mettre fin à l’arrogance du directeur d’EDF ».

[facebook_ilike]

Articles similaires :

2 commentaires
  • Et à Fukushima, les substances radioactives se déversent dans la mer de manière inquiétante, sans que cela n’alerte nos politiques ni même la communauté internationale…

  • Il est bien normal que ces vieux complices d’autrefois, qui, lorsqu’il a s’agit de faire des économies d’échelle lors de l’essor du nucléaire en France, soient désormais copain comme cochon pour continuer ces petits arrangements entre amis au risque d’exposer des populations à un risque majeur. A Fukushima aussi on se sentait en sécurité!

Par Michèle Rivasi

Suivez-moi sur Facebook

Suivez-moi sur Twitter