Pénurie de médicaments : Pourquoi le plan d’action de la Commission européenne n’est pas suffisant

Pénurie des médicaments : La Commission européenne a dévoilé un plan d’action. Mais ces premiers pas me semblent insuffisants, en n’osant pas remettre en question la mainmise des grands labos sur la fabrication. Explications.

Il y a d’abord des projets de bon sens, comme le mécanisme de solidarité volontaire entre Etats membres, en vue de faciliter la redistribution des surplus d’un pays vers un autre. Une idée venue de la Belgique au printemps dernier.

A lire : La Commission lance un mécanisme de solidarité en cas de grande pénurie de médicaments

Citons aussi la création d’une liste EU des médicaments critiques d’ici fin 2023. Une action demandée depuis plus de trois ans, mais dont la parution est sans cesse reportée… Pendant ce temps-là, les crises d’approvisionnement se répètent.

On retrouve ensuite les mêmes recettes que face à la crise du Covid : flexibilité réglementaire, stocks, achats conjoints. Aucune sanction envisagée pour les ruptures d’approvisionnement « organisées » par les firmes, lorsque les produits ne sont plus assez rentables…

Rien non plus sur la transparence ou le plafonnement du prix des médicaments, malgré le chantage explicite des grands labos qui ont demandé (et obtenu) des hausses des prix pour relancer la fabrication de médicaments négligés…

Toute perte de chance peut devenir une mise en danger du patient. Dans le logiciel européen actuel, le médicament reste une marchandise néolibérale, bénéficiant alors de toujours plus de subventions et de dérogations, sans contreparties…

Pour la Commission européenne, la production de médicaments essentiels négligés doit rester sous la tutelle de Big Pharma. Une option que je récuse. Une alternative existe : celle d’une production publique type Civica, aux Etats-Unis.

La mise en place d’une production publique complémentaire, à but non lucrative, est la grande absente de cette proposition. Notre sécurité sanitaire n’appartient pas à Big Pharma. Notre autonomie stratégique reste un enjeu d’intérêt général.

Par Michèle Rivasi

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