Lucentis : le ministère de la Santé va autoriser un autre remède (Le Parisien)

Le Parisien, par Daniel Rosenweg | Publié le 08.03.2014, 12h34

La ministre de la Santé souhaite que l’Avastin puisse être utilisé au lieu du Lucentis dans le traitement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge.

Mauvais temps pour les laboratoires suisses Novartis et Roche. Alors qu’ils ont été condamnés, mercredi dernier, à 182,5 millions d’euros d’amende par l’autorité antitrust italienne pour entente illicite, la France est en train hausser le ton pour combattre les pratiques commerciales coûteuses de ces géants de la pharmacie. Ainsi, selon nos informations, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, vient de transmettre au Conseil d’Etat un projet de décret qui permettra aux ophtalmologistes d’utiliser l’anticancéreux Avastin dans le traitement de la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) pour traiter un million de Français.

Ce texte sera une première en Europe. Son objectif ? Légaliser l’utilisation de l’Avastin, dont le coût est de 30 € par injection. Cette procédure, dite « recommandation temporaire d’utilisation pour raison économique », a été votée par le Parlement en décembre 2012. Si le ministère est obligé d’utiliser la contrainte, c’est parce que Roche refuse d’autoriser l’Avastin dans le traitement de la DMLA.

Une rigidité qui, selon nos informations, a poussé fin 2012 Marisol Touraine à demander l’aide de son collègue Pierre Moscovici, ministre de l’Economie. Les services de la répression des fraudes — la DGCCRF — ont ainsi transmis, en 2012, des éléments à l’Autorité de la concurrence en vue d’une enquête sur une éventuelle entente entre Novartis et Roche. Et, notamment, sur le fait que si Roche, qui produit le Lucentis, a confié en Europe sa distribution à un concurrent Novartis… également actionnaire de Roche. Un sacré imbroglio. Sollicités, les deux laboratoires n’ont pas souhaité faire de commentaire.

Un sacré imbroglio

C’est que les ennuis sont loin d’être finis. Le ministère italien de la Justice, s’appuyant sur la décision de son autorité antitrust, vient tout juste d’ouvrir une enquête pour escroquerie. Une procédure qui vient s’ajouter à d’autres, ouvertes en janvier et visant Novartis, au Japon et aux Etats-Unis, concernant des soupçons de dissimulation d’informations aux autorités et d’effets secondaires aux patients. Selon nos informations toujours, la députée européenne Michèle Rivasi (Europe Ecologie-Les Verts) a adressé, hier, à la Commission européenne, une « question urgente » demandant l’ouverture d’une instruction à Bruxelles.

Même à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), les esprits s’agitent. Au cours d’un séminaire le 13 février dernier, le vice-président de cette agence, Claude Pigement, a clairement plaidé, pour la première fois, en faveur d’une recommandation temporaire d’utilisation pour l’Avastin dans le traitement de la DMLA. « Il y a urgence maintenant », nous a-t-il confirmé, hier. En 2013, le Lucentis a coûté 438 M€ à l’assurance maladie, c’était son premier poste de dépenses pour le médicament.

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Par Michèle Rivasi

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