Les Verts ont nominé la militante autochtone Sônia Guajajara au Prix Sakharov 2022

Au nom du Groupe des Verts/ALE, je vous présente la candidature de Sônia Guajajara au Prix Sakharov 2022 du Parlement européen, pour son travail de défense des droits et des terres ancestrales des peuples autochtones au Brésil.
 
Sônia Guajajara, militante écologiste, autochtone et politicienne, est née sur la terre autochtone d’Arariboia, dans le Maranhão, au Brésil. Elle travaille pour la protection de l’environnement et les droits des peuples autochtones à contrôler leurs terres face aux grands propriétaires agricoles et aux industries extractives.

Contribuer à la reconnaissance des peuples autochtones

Pendant neuf ans, elle a été la coordinatrice exécutive de l’Articulation des peuples autochtones du Brésil (APIB)à, une organisation qui représente environ 300 communautés autochtones au Brésil. Lui décerner le prix Sakharov serait l’occasion d’attirer l’attention sur la lutte des peuples autochtones du Brésil et contribuerait à la reconnaissance de leurs terres. Au cours des trois dernières années, le gouvernement de Jair Bolsonaro a considérablement réduit les budgets et les attributions d’institutions telles que la Funai, la Fondation nationale indienne et l’Ibama, l’agence de protection de l’environnement. En conséquence, les invasions illégales de territoires autochtones ont augmenté de façon spectaculaire, et la déforestation en Amazonie s’est accélérée.

Parmi les 100 personnes les plus influentes 2022, d’après le Time

Sônia Guajajara est en première ligne de la lutte contre la tentative du gouvernement Bolsonaro de détruire les terres autochtones. Elle participe régulièrement à des forums internationaux, tels que le Conseil des droits de l’homme des Nations unies et les négociations sur le climat des Nations unies, pour faire connaître les histoires de son peuple à un public plus large. Son travail va de sa participation à la COP26 – qui a permis de créer un fonds pour les peuples autochtones et les communautés locales en reconnaissance de leur travail essentiel de protection des terres et des forêts contre la dégradation – à ces derniers mois où elle a mené des manifestations de plusieurs milliers de personnes, rassemblant des centaines de peuples autochtones. Ces actions ont permis d’ouvrir des débats à l’échelle nationale et de bloquer des projets de lois liberticides envers les peuples autochtones. En 2020, elle a également attiré l’attention nationale sur le piétinement des droits des autochtones lors de la pandémie de COVID-19. Ses contributions inestimables au mouvement autochtone du Brésil lui ont valu diverses reconnaissances. 
Elle a récemment été nommée par Time parmi les 100 personnes les plus influentes du monde en 2022. 

Victime de harcèlement de criminalisation

Mais l’engagement de Sônia Guajajara dans le mouvement autochtone a fait d’elle la cible de diverses attaques. Elle est constamment victime de harcèlement et de criminalisation de la part d’agents de l’État, comme autant de tentatives pour la réduire au silence et la décourager de poursuivre son combat pour les droits des peuples autochtones. Il faut rappeler les tragiques assassinats du militant autochtones Bruno Pereira et du journaliste britannique Dom Phillips. Ceux qui s’efforcent de dénoncer le traitement inhumain des peuples et des terres autochtones par le gouvernement brésilien sont constamment victimes de violences graves.

ONG Global Witness a rapporté qu’en 2020, plus de 20 défenseurs de la terre et de l’environnement ont été tués au Brésil, ce qui en fait le quatrième pays au monde où le nombre de ces meurtres est le plus élevé et que la plupart de ces crimes restent impunis.

L’importance d’une représentation gouvernementale pour les peuples autochtones

Malgré les attaques dont elle et le peuple Guajajara font l’objet, Sonia Guajajara reste l’un des défenseurs des droits humains les plus dynamiques du Brésil. Elle est une source d’inspiration pour les femmes autochtones qui sont touchées de manière disproportionnée par le manque d’accès à l’éducation et aux possibilités d’emploi, à la prise de décision et à l’accès à la justice. Elle insiste également sur l’importance d’une représentation gouvernementale pour les peuples autochtones afin de garantir que leur voix sera entendue. En 500 ans, il n’y a eu qu’un seul représentant autochtone au Congrès national et cela ne peut être considéré comme normal.  Il faut élargir cette représentation et l’objectif est de dénoncer les politiques de Bolsonaro, qui a cessé de délimiter le territoire autochtone et a poussé à l’exploitation minière et à l’agriculture industrielle sur les réserves existantes, enhardissant les violents accaparements de terres et les mineurs illégaux. 

Candidate au parlement brésilien

Sonia Guajajara est candidate au poste de député fédéral à Sao Polo (pour le Parti Socialisme et Liberté – PSOL) et les autorités électorales brésiliennes ont enregistré 60 candidats autochtones pour les deux chambres du Congrès cette année, dont 31 femmes – le plus grand nombre jamais enregistré. Le but est d’avoir un ministère avec un ministre autochtone.

Par Michèle Rivasi

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