Gaz de schiste dans le Var: « Indignez-vous ! »

Article paru dans Var Matin, le dimanche 13 février et consultable ici

 

La salle du Moulin à huile du Val peinait à contenir, vendredi soir, l’audience de la première réunion publique consacrée à l’exploitation du gaz de schiste dans le Var.

Une première qui pourrait bien en appeler de nombreuses autres… Plus de 75 % du sous-sol varois (6785 km2) fait ainsi l’objet d’une demande d’exploitation de cette énergie fossile (notre édition de vendredi).
Plusieurs figures régionales du mouvement « Europe écologie – Les Verts » et des citoyens pionniers dans ce « nouveau combat », se sont succédé pour présenter ce « scandale, honteux à tous les niveaux ».
Les « risques environnementaux majeurs pour l’eau et l’air et autres risques sanitaires ont évidemment été abordés. » Le procédé de fracturation hydraulique nécessite l’utilisation moyenne d’une quinzaine de millions de litres d’eau par puits. Cette eau étant par ailleurs chargée de nombreuses substances chimiques », fait ainsi remarquer le docteur Pierre Souvet. Les « erreurs d’une stratégie énergétique qui consisterait à exploiter une autre énergie fossile, insuffisante, épuisable à terme et polluante » ont également été pointées.
Mais surtout, « il est temps d’en finir avec ces méthodes du secret. Le gouvernement, en harmonie avec les industriels, décide de tout ça en douce, derrière notre dos », lançait la députée européenne Michèle Rivasi. « Borloo a délivré en mars 2010 les premiers permis en France, en catimini. Dans le même temps, le code des mines a été révisé, l’étude d’impact n’est plus obligatoire ! »

« Après les OGM, les farines animales, l’amiante, les médicaments, etc., rien n’a changé. Mais quand on a vu Gasland (1), cela devient une idée fixe : on ne peut pas laisser faire ça chez nous! », estime François Pecqueur, citoyen à la tête d’un collectif marseillais contre les gaz de schiste.

« Quelle est la position du conseil général ? »

Si un moratoire a été décrété, « c’est uniquement grâce à la pression de la population, et pour gagner du temps alors qu’approchent les élections. Mais les experts missionnés pour étudier le problème, comme souvent, sont juge et partie », note encore Michèle Rivasi. « Où sont les grands principes du Grenelle ? L’exploitation des gaz de schiste en France, c’est zéro concertation, et zéro évaluation d’impact! Nous sommes ici devant un déni de démocratie. À la manière de Stéphane Hessel, j’ai envie de dire : « Indignez-vous! »
Michèle Rivasi souligne notamment que « le conseil régional bouge, certaines communes vont bouger, l’Europe commence aussi. Mais on n’entend pas les députés sur ce problème. Pire encore, quelle est la position du conseil général, dont les trois quarts du territoire sont concernés ? Nous avons une chance historique : nous sommes en période électorale ! La population doit s’approprier ce combat, qui dépasse les partis politiques, et demander à ses élus et candidats d’exprimer leurs positions sur cette exploitation de nos sous-sols. »
La lutte contre l’exploitation des gaz de schiste fait déjà l’objet d’importantes mobilisations citoyennes, notamment dans le Larzac ou en Ardèche. Dans le Var, un premier collectif devrait voir prochainement le jour à Brignoles.

1. Gasland est un documentaire consultable sur Internet consacré aux ravages causés par l’exploitation du gaz de schiste aux États-Unis. Dans l’une des images fortes du film, l’eau d’un robinet est tellement polluée qu’elle devient… inflammable.


Le PDG de Total « agacé »

Le PDG de Total Christophe de Margerie s’est dit « agacé » vendredi soir par la polémique lancée par les écologistes sur le gaz de schiste, qui n’a selon lui « pas lieu d’être. »
« On ne sait pas s’il y a des gaz de schiste en France, c’est bien de parler des problèmes que cela peut poser – si un jour il y en a – mais aujourd’hui, il n’y en a pas » a dit Christophe de Margerie lors de la présentation des résultats annuels de Total. Le gouvernement a accordé l’an passé des permis d’exploration de gaz de schiste, notamment à Total et GDF Suez. La ministre de l’Écologie Nathalie Kosciusko-Morizet et son homologue de l’Industrie, Éric Besson, ont annoncé jeudi qu’il n’y aurait aucun forage avant le mois d’avril au moins.

P. Zamari

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Par Michèle Rivasi

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