ITER : L’Europe doit sortir de l’illusion et amorcer un tournant énergétique

 

Michèle Rivasi (Europe Ecologie Les Verts) faisait partie de la délégation de 14 eurodéputés en visite à Cadarache du 16 au 18 mai pour évaluer les avancées du projet de réacteur à fusion expérimental ITER et en rencontrer les différents acteurs. Une visite qui intervient dans un contexte financier tendu avec le triplement du coût depuis 2006 de 5,9 à 16 milliards € et de remise en cause du nucléaire.

L’eurodéputée du Grand Sud Est dresse deux constats : « Le premier problème est que ITER ne respecte le droit français ! L’enquête publique n’a toujours pas été faite alors que l’on construit déjà les fondations du futur Tokamak qui contiendra le plasma. Si jamais l’enquête publique invalide ou impose des corrections au projet, quel surcoût faudra t-il encore payer ?  François Fillon a aussi annoncé qu’ITER sera soumis aux tests de résistances en 2012. N’est ce pas prendre un risque inutile de continuer la construction d’un tel projet sans en attendre l’évaluation finale ?

Le deuxième problème réside dans l’incertitude scientifique d’ITER. La résistance de la couverture en lithium censé contenir la réaction reste très hypothétique. Les matériaux de cette couverture n’ont pas encore été testés et le seront seulement dans le réacteur expérimental JET au Royaume Uni. Pourquoi ne pas attendre le retour d’expérience de JET avant de lancer les travaux d’ITER ? »

Michèle Rivasi est revenue avec Bart Staes et Isabelle Durant (députés Verts/ALE), également présents dans la délégation, sur le coût d’ITER et le contexte énergétique : « Le projet de fusion ITER est un véritable holp up sur le contribuable européen et les générations futures. Alors qu’on ne sait même pas si cette technologie produira de l’électricité un jour, la facture a déjà triplé.

 

Pour l’Europe, le coût supplémentaire rien que pour les deux prochaines années s’élève à deux milliards d’euros. La première exploitation commerciale est prévue au plus tôt vers 2080. Qui croit vraiment que les coûts n’augmenteront plus d’ici là ? Payer la facture aujourd’hui c’est mettre le doigt dans un engrenage qui nous amènera toujours plus profond dans ce gouffre financier qu’est ITER. D’autant qu’aucune réponse précise n’a été apportée sur l’origine des coûts additionnels jusqu’ici. 

 

Nous sommes confrontés aujourd’hui à deux urgences : le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources fossiles. Le tout sur fond de contrition des dépenses publiques. Si ITER se fait, il arrivera quoiqu’il arrive trop tard pour répondre à ces enjeux. C’est une fausse solution à un vrai problème d’autant qu’il faudra construire d’autres réacteurs (DEMO puis PROTO) avant de produire de l’électricité.

 

ITER est le symbole de cette énergie nucléaire à bout de souffle. Extrêmement cher, mal maitrisé, dangereux, le nucléaire obère notre capacité à mettre en œuvre un modèle énergétique sobre et durable. Il est encore temps de stopper ITER et de réorienter massivement les investissements européens sur les économies d’énergie, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. C’est un premier pas important vers la sortie du nucléaire.[1]« 

 

Crédit photo : Gilbert Soulet, voir d’autres photos sur http://pertuisien.fr/album.php?flash=23181

 

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[1] Le budget de recherche européen dédié au nucléaire est 4,5 fois plus important que celui accordé aux énergies renouvelables, à la sobriété et à l’efficacité énergétique

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Par Michèle Rivasi

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