Vaccins anti-COVID : au Nord comme au Sud, la santé n’est pas une marchandise !

La pandémie de Covid-19 ne connaît, par définition, aucune frontière terrestre. Si la communauté internationale souhaite y mettre fin, que cela soit par un vaccin, un médicament ou d’autres méthodes médicales, il faut qu’elle garantisse un accès équitable pour tous les pays, quel que soit leur degré de développement.

Le système international COVAX est la seule instance multilatérale apte à gérer l’approvisionnement mondial, tant pour le Nord que le Sud. Codirigé par l’OMS, l’Alliance Gavi et la coalition CEPI, l’objectif de Covax est de vacciner 20% de la population par pays d’ici la fin de l’année. Jusqu’ici, 2 milliards de doses ont été sécurisées. Les 92 pays les plus pauvres cumulent à eux seuls une population de 3 milliards d’habitants.
Nous sommes donc encore loin du compte. COVAX estime devoir lever encore 6,8 milliards de dollars en 2021.

Lors d’une réunion de l’OMS, son patron M. Tedros a fustigé l’attitude égoïste et « l’échec moral catastrophique » qui caractérise le comportement des pays riches. Il critique la décision des 27 de vacciner en priorité l’ensemble de la population européenne : « il est normal de vacciner les personnes âgées et les groupes prioritaires mais il n’est pas normal que des adultes plus jeunes et en meilleure santé dans les pays riches soient vaccinés avant les agents de santé et les personnes âgées des pays plus pauvres ».

Le chef de l’OMS a souligné que 39 millions de doses du vaccin contre le coronavirus avaient déjà été administrées dans au moins 49 pays riches. Dans le même temps, « seulement 25 doses ont été administrées dans un des pays au revenu le plus bas. Pas 25 millions, pas 25.000, juste 25 », a-t-il déploré.

Il a également vivement critiqué les fabricants de vaccins qui recherchent l’approbation réglementaire dans les États riches plutôt que de soumettre leurs données à l’OMS pour obtenir un feu vert à l’échelle mondiale. Astra Zeneca, l’un des producteurs de vaccins, a même diminué les doses initialement promises à COVAX.

L’Union européenne, première contributrice d’aide au développement, devrait garantir un accès équitable aux vaccins dans le monde, mais elle ne le fait pas ! Elle a pourtant le moyen d’agir rapidement en soutenant la proposition de l’Afrique du Sud et de l’Inde, d’obtenir une dérogation temporaire à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de certains aspects des droits de propriété intellectuelle afin de faciliter la diffusion des vaccins anti COVID-19.

Si la dérogation était accordée, elle permettrait aux pays membres de l’OMC de ne pas appliquer les brevets et autres droits de propriété intellectuelle liés à tous les médicaments COVID-19, vaccins, diagnostics et autres technologies, y compris les masques et les ventilateurs. Cela donnerait aux pays en développement le droit de collaborer à la recherche et au développement ainsi que de fabriquer des solutions anti COVID-19, à des coûts accessibles.

Malgré une lettre ouverte d’environ 150 grandes ONGs et des initiatives de nombreux eurodéputés, la Commission a choisi de se ranger derrière des multinationales de la santé et s’est opposée, au nom des 27 États européens, à l’initiative de l’Inde et de l’Afrique du Sud. Elle se justifie en rappelant qu’elle a mis 500 millions d’euros à la disposition du COVAX pour soutenir l’achat de vaccins au profit des pays en développement. Une charité insuffisante, une goutte d’eau dans l’océan des besoins des pays en développement !

L’Union européenne a donc choisi de se poser en garante inébranlable de la propriété intellectuelle, jouant pleinement le jeu des grandes multinationales pharmaceutiques qui n’ont qu’un seul mot d’ordre : tirer profit de la situation. La santé des humains n’est pourtant pas une marchandise ! Il faut forcer l’OMC à déroger aux règles du commerce mondial pour stopper la pandémie !

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Par Michèle Rivasi

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