Un tremblement de terre à Cadarache ébranlera-t-il les fausses certitudes entourant ITER?

Le 17 janvier 2012, un exercice national simulera un séisme qui aura un impact sur le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Cadarache (Bouches-du-Rhône) ainsi que sur les nombreuses communes environnantes. Cet exercice est effectué à la demande de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et de la Préfecture de Région.

Michèle Rivasi, députée européenne EELV et porte-parole d’Eva Joly rappelle que le risque sismique dans la région est sous évalué. « Malgré la connaissance notoire de ce risque, 14 installations nucléaires de base (INB, dont le CEA est l’opérateur), ont été construites. On compte également une installation nucléaire de base secrète (INBS) dédiée à la propulsion nucléaire pour la Marine Nationale, 39 installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) hors INB dont 30 « à caractère nucléaire », et deux INB sont encore en préparation… Que fera-t-on le jour où un séisme de magnitude inattendu -comme ce fut le cas à Fukushima- ébranlera la région? »

De plus, Cadarache est le site de création du réacteur thermonucléaire expérimental ITER.

L’impact d’un tremblement de terre sur le site aura des conséquences sur la stabilité du plasma à l’intérieur du réacteur ITER, même sans destruction du réacteur. En effet, une secousse provoquant un déplacement des structures de seulement quelques millimètres entrainera irrémédiablement une disruption majeure de plasma aux conséquences fatales. La dalle anti-sismique sur laquelle sera installée le réacteur est en cours de finition. Même si elle garantit une sauvegarde globale des infrastructures, elle ne permettra pas de garantir l’intégrité du réacteur dans son ensemble après un séisme, ce qui rendra très aléatoire, voire impossible une remise en service de l’installation.

La députée européenne rappelle en outre que le coût d’ITER ne cesse d’exploser. En décembre 2011, la majorité du Parlement européen (malgré l’opposition du groupe des Verts/ALE) a approuvé un accord autorisant un fond supplémentaire de 1,3 milliards d’euros au projet ITER. Ce fond sera prélevé sur le budget de l’UE pour la période 2012-2013. « Lors de ma visite sur le site d’ITER à Cadarache avec une délégation d’eurodéputés de la commission du Budget l’an dernier, j’ai pu découvrir qu’il n’y avait pas d’assurance couvrant les risques d’accident lors de la phase expérimentale. En l’absence d’assurance, qui paiera les dégâts en cas d’accident, si ce n’est encore une fois le contribuable français ? En effet, démantèlement et risques sont à la charge de l’Etat français. J’ai interrogé la Commissiaire Geoghegan-Quinn à ce sujet, j’attends encore sa réponse« .

Georges CHARPAK, prix Nobel de physique, s’opposait de son vivant à Iter, bien que favorable au nucléaire. Il estimait que « plutôt que de masquer une programmation initiale insatisfaisante à la fois sur le plan scientifique et technologique par une escalade budgétaire plus mauvaise encore, mieux vaudrait admettre enfin que le gigantisme du projet ITER est disproportionné par rapport aux espérances, que sa gestion apparait déficiente, que nos budgets ne nous permettent pas de le poursuivre, et de transférer cet argent vers la recherche utile ».

Une version longue de ce communiqué, sous forme de tribune, avec les arguments scientifiques opposés à ITER est consultable en UNE de MEDIAPART : http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/130112/iter-le-naufrage

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2 commentaires
  • Et quelle est la définition d’une recherche « utile » ?

    Les propos de de G.Charpak sont tirés hors de leur contexte : il proposait que les financements qui n’aillent pas à ITER soient attribuer aux recherches sur les réacteur nucléaires à fission de quatrième génération ? Est-ce que vous êtes d’accord avec lui ? J’en doute… Donc vous découpez les propos de personnes, aussi connues soient elles, pour ne garder que celles qui vous arrange…

    Il n’y a rien d’autre à ajouter.

Par Michèle Rivasi

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