Prolongement de la durée de vie de la centrale nucléaire du Tricastin : ce n’est pas à EDF de décider

Michèle RIVASI, députée européenne et co-fondatrice de la CRIIRAD, réagit à l’article paru dans le Dauphiné Libéré du 21 mars sur la centrale nucléaire du Tricastin.
« Je suis tout à fait surprise de constater qu’EDF, exploitant de la centrale nucléaire du Tricastin, et faisant donc du profit sur la production d’électricité, laisse penser qu’il peut à lui seul décider de la prolongation de la durée de vie de la centrale du Tricastin.
EDF ne peut être juge et partie ; c’est à l’ASN, après des tests d’évaluation et de contrôle précis, de décider si cette centrale peut prolonger, et par tranche de 10 années uniquement, sa durée de vie ou non.
Le vieillissement des centrales nucléaires pose de réels problèmes de vulnérabilité pour la sûreté nucléaire : la présence de fissures sur les cuves des réacteurs qu’on ne peut pas changer, le vieillissement des canalisations et du système électrique interne… En prolongeant la durée de vie d’une centrale, on se retrouve dans le domaine expérimental ; on a jamais fonctionné avec des centrales vieilles de plus de 30 à 40 ans, et nous n’avons aucun recul sur les modifications que l’irradiation peut provoquer sur les réacteurs, avec ou sans fissures.
De plus, quelques soient les réacteurs, leur vulnérabilité est renforcée par les risques d’inondations et de séismes, comme ce qui s’est passé à Fukushima. Plutôt que de faire de telles déclarations d’intentions, il aurait été préférable qu’EDF présente un calendrier de travaux précis suite aux leçons à tirer de la catastrophe de Fukushima, à savoir :
– Créer une salle de contrôle « bunkérisée » et située à distance de la centrale pour la maitriser en cas d’accident nucléaire,
– Préciser le calendrier de travaux concernant les digues à remonter et à renforcer pour éviter tout risque d’inondation,
– Mettre en place des groupes électrogènes placés en hauteur pour faire face au double risque d’inondation et de perte d’approvisionnement électrique.
– Enfin, EDF avait annoncé vouloir créer une force d’intervention rapide en cas d’accident nucléaire : où en est-on ?
Sur le plan européen, les résultats des tests de sécurité montrent que la centrale de Tricastin ne répond pas à tous les critères. Edf doit se mettre en conformité et mettre en œuvre précisément les prescriptions avant de déclarer que la durée de vie de la centrale sera prolongée !
N’oublions pas qu’en 2012, la centrale du Tricastin a connu 11 incidents, sans oublier le court-circuit du 1er mars qui a provoqué un choc thermique néfaste pour la cuve du réacteur 1, déjà affaiblie par plusieurs fissures.
Enfin, le directeur de la centrale du Tricastin évoque des montants de plusieurs dizaines de milliards d’euros pour assurer la sûreté de cette centrale ; n’est-il pas temps, alors que s’ouvre le débat national sur la transition énergétique, d’utiliser de telles sommes pour la réduction de la consommation d’électricité en isolant des bâtiments ou en finançant la recherche sur les énergies renouvelables ? »

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2 commentaires
  • Avez-vous des éléments technique permettant d’expliquer ce choc thermique.
    D’après mes connaissance dans le fonctionnement d’une central, il y a chute des barres de combustible pour arrêter la réaction nucléaire puis refroidissement classique via les circuits d’au prévu pour. En faite c’est comme à chaque arrêt de tranches pour recharger le combustible…selon vos dire ça fait 30 ans de choc thermique …

  • – FARN : …erf lien interdit en commentaire … taper « farn » dans google

    – Travaux : je n’ai pas connaissance d’échéancier mais je suis sur qu’en posant quelques questions vous aurez rapidement vos réponse. Par exemple sur les diesels supplémentaire, les travaux sont déjà en cours.

    -« le court-circuit du 1er mars qui a provoqué un choc thermique néfaste pour la cuve du réacteur 1 »

Par Michèle Rivasi

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