Forum Alternatif Mondial de l’Eau: quand les normes de potabilité jouent avec notre santé

Appelant au boycott du Forum mondial de l’eau qui se tient depuis le 12 mars à Marseille, Eva JOLY, candidate à la présidentielle et Michèle RIVASI, sa porte-parole, sont présentes à l’autre Forum, alternatif, qui se tient au Dock des Suds, toujours dans la cité phocéenne. Outre la défense de l’eau en tant que bien commun de l’humanité et non comme marchandise, Europe Ecologie – Les Verts rappelle également que l’eau polluée aux pesticides est un problème plus que jamais d’actualité.

Une instruction de la Direction Générale de la santé datée de 2010 mais publiée en février 2012, rend en effet plus facile la distribution d’eau polluée par des pesticides au-delà de la limite de qualité. L’association Générations Futures explique dans un communiqué que dorénavant (1), pour que des restrictions de distribution d’eau contenant des pesticides soit mises en place, c’est 100% de la valeur sanitaire maximale du pesticide concerné qui devra être atteinte, quelle que soit la durée de l’exposition. Auparavant, l’eau ne devait pas être utilisée, ni pour la boisson, ni pour la préparation des aliments, si un pesticide s’y trouvait à une quantité supérieure à 20% de cette même valeur, pendant plus d’un mois, ou si la teneur en pesticides dépassait ne serait-ce qu’un jour cette valeur…

« Il est tout à fait anormal de tolérer la distribution d’eau contenant des quantités de pesticides bien supérieures à la limite de qualité ! De très nombreuses localités vont maintenant se retrouver avec des quantités de pesticides dans l’eau 5 fois plus importantes qu’avant décembre 2010, c’est scandaleux », estime Michèle Rivasi« . Au lieu d’imposer des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement comme nous le demandons depuis des décennies, les autorités publiques actuelles préfèrent manipuler les valeurs de pesticides acceptées dans l’eau et ainsi faire croire que moins de personnes sont concernées par une présence excessive de pesticide nécessitant une restriction d’utilisation de l’eau« , souligne la députée européenne.

« D’autre part, il ne faut pas oublier qu’en France, les eaux potables comme l’eau du robinet, les eaux de source embouteillées et l’eau des industries alimentaires, sont régies par des normes qui ne prennent en compte, ni l’effet « cocktail » produit par les polluants, ni l’impact des faibles doses, comme les perturbateurs endocriniens ou le Bisphénol A, ni les produits de dégradation des polluants…Il est donc temps de changer de modèle pour évaluer la qualité d’une eau alimentaire. La création du CriiEAU (Comité de Recherches et d’Informations Indépendantes sur l’EAU), un laboratoire indépendant en cours de création que je soutiens, permettra, entre autres, de rechercher des outils d’évaluation de la « biocompatibilité » de l’eau, d’informer les citoyens sur la qualité des eaux, et d’expertiser le domaine des études sur l’eau« , conclut Michèle Rivasi

(1) La Directive 98/83/CE du 3 novembre 1998 indique qu’au-delà de 0,10 ?g/L ( 0.1 microgramme par litre) par substance pesticide individuelle ou de 0,50 ?g/L pour le total des pesticides quantifiés, la limite de qualité réglementaire est dépassée (sauf pour 4 substances). Cela ne veut pas dire qu’au-delà de ces valeurs l’eau contaminée ne pouvait nécessairement plus être distribuée.

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Par Michèle Rivasi

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