Tchernobyl, 26 ans que l’on dépense sans compter ni même panser

On ne cesse de nous vanter un nucléaire aussi propre que sûr, pourtant la transparence laisse à désirer. C’est somme toute logique puisque l’impact sanitaire est le cœur du problème nucléaire, il est le principal enjeu pour toutes les stratégies de communication du lobby atomique. Ouvrir les archives du passé de Tchernobyl reviendrait à tirer un trait sur le futur de l’industrie nucléaire.

Pendant des années, l’aide européenne a été quasi exclusivement orientée sur la sécurisation du site de Tchernobyl et de son sarcophage. Pour inverser la tendance et financer des projets utiles aux victimes, je me suis personnellement engagée pour que soit enfin établie une véritable analyse indépendante des conséquences sanitaires de la catastrophe.

Sous l’impulsion du Groupe des Verts européen, les institutions européennes ont ainsi donné leur accord en 2010 pour débourser 4,2 millions d’euros en faveur du « Centre écologie et santé » piloté par Yuri Bandajevsky et censé fournir une aide sanitaire à la population ukrainienne, russe et bélarusse vivant toujours sur les territoires contaminés. Ce budget représente une goutte d’eau dans les dépenses consacrées à la sécurisation du site et à la construction d’un nouveau sarcophage de protection (1, 54 milliards d’euros).

Alors que l’appel à projet a été lancé par la Commission pour attribuer ces fonds, il est à craindre que le projet de Yuri Bandajevsky ne soit pas retenu, à la faveur d’autres projets bien plus complaisants avec les acteurs du nucléaire. Il est pourtant indispensable de récolter des données scientifiques de manière indépendante pour disposer enfin d’une information jusque là centralisée et occultée par l’Agence Internationale de l’Energie Atomique.

Pour moi, la raison de ce blocage réside dans la peur des autorités de mettre en évidence les conséquences sanitaires de la population qui vit en zone contaminée. C’est un déni de responsabilité que je ne saurai cautionner, et je resterai vigilante et active pour que la lumière soit faite un jour sur la catastrophe permanente qu’est encore Tchernobyl aujourd’hui.

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Par Michèle Rivasi

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