Servier : Le pouvoir de l’argent au détriment de la santé

« En visant le marché du diabète, Servier a pu détourner a des fins commerciales un médicament qui aurait alors fait doublon avec un autre de ses coupes-faim, l’isoméride. Ceci nous rappelle combien la priorité d’un laboratoire pharmaceutique est de satisfaire des marchés porteurs, quitte malheureusement à trafiquer les données, » déclarent Eva Joly et Michèle Rivasi, députées européennes Europe Ecologie Les Verts (EELV).

« Tant que les études d’évaluation des produits seront uniquement fournis par les entreprises pharmaceutiques, on retrouvera ces mêmes dysfonctionnements car les profits en jeu sont tels que tout esprit critique est aboli, » analyse Michele Rivasi.

Le plus perturbant, signalent les deux eurodéputées, est aussi de constater qu’il faut attendre qu’il y ait de 500 à 2 000 morts et que d’éminents spécialistes ayant travaillé chez Servier, comme Jacques Duhault ou Jean Charpentier, attendent d’être acculés, d’être auditionnés, pour qu’ils dénoncent ces pratiques criminelles. Pourquoi ces révélations viennent-elles si tard ? »

« Quelle est la compétence des experts qui ont donné l’autorisation de mise sur le marché du mediator ?, demandent aussi les deux députées européennes. Il aura fallu que l’IGAS décortique l’ensemble des documents existants pour reconstituer l’histoire du Mediator et les passes droits dont a pu bénéficier le laboratoire Servier. »

« Pourquoi ne s’est-on rendu compte de rien ? Pourquoi un simple inspecteur de l’IGAS, motivé mais non pharmacologue, a pu retracer la véritable histoire du Mediator et pas nos experts français ? ajoute Michele Rivasi. Cet exemple qui, à mon avis, n’est pas typique des labos Servier, montre combien le système actuel est gangréné jusqu’à la moelle. »

Le 23 juillet 2011, suite la saisie faite par Eva Joly et Michèle Rivasi, l’Office européen de lutte anti-fraude (OLAF) a décidé d’ouvrir une enquête interne afin de vérifier les allégations de conflit d’intérêts à l’Agence Européenne des Médicaments (EMA) ayant pu contribuer à l’enlisement du dossier Mediator au niveau européen.

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Par Michèle Rivasi

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