Sécurité nucléaire : le survol des drones met en lumière l’absence de protection appropriée des piscines de désactivation

Alors que le survol des centrales nucléaires est interdit dans un périmètre de cinq kilomètres et de 1.000 mètres d’altitude autour des sites, des drones ont été repérés à plusieurs reprises au-dessus de centrales nucléaires en France : 13 des 19 centrales françaises ont été visitées depuis le 5 octobre dernier. Ces informations avaient été en premier lieu dévoilées par « Le Journal de l’énergie » (1) le 29 octobre dernier, la presse nationale s’en est ensuite fait l’écho.

Réaction de Michèle RIVASI, députée européenne écologiste fondatrice de la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité) :

« La réponse des autorités pourrait prêter à rire si la sécurité nationale n’était pas en jeu, malheureusement les faits sont inquiétants et non suivis d’effets consistants. Le 19 octobre, plusieurs centrales ont été survolées dans la même journée ce qui fait supposer que plusieurs personnes seraient aux manettes, et non un individu isolé. Nous apprenions la semaine dernière qu’ordre aurait été donné de tirer à vue sur les drones, comme l’a rapporté un gendarme sans que cela soit confirmé par le Ministère de l’Intérieur».

« Les drones ne peuvent pas porter des charges trop lourdes (maximum 3 kilogrammes selon les informations commerciales disponibles). Il reste quand même important de savoir si l’élément le plus vulnérable d’une centrale (le toit des bâtiments abritant les piscines de désactivation des combustibles usés) pourrait résister à des charges explosives de plusieurs kilogrammes. Nous n’en savons rien et avons donc toutes les raisons valables d’être inquiets ».

« Aujourd’hui, il faut identifier les auteurs de ces survols. Difficile de croire que les autorités en soient incapables sauf si justement ces survols sont des opérations orchestrées par les services de renseignement pour tester la capacité de réaction. Dans ce cas, les autorités doivent le dire, les Français ne peuvent rester dans l’inconnu ».

« Enfin, il faut prendre les dispositions nécessaires en matière de sûreté : accélérer les travaux de mises aux normes post-Fukushima et aller même au-delà des préconisations qui avaient été faites a minima. Au niveau européen, les écologistes avaient pourtant alerté la Commission européenne du traitement partiel des risques de sûreté et avaient justement demandé que soient pris en compte les crashs aériens. Ils avaient aussi insisté sur la ‘bunkérisation’ (protection avec une dalle en béton) des piscines de refroidissement des combustibles usés qui sont pourtant une grave menace radioactive, où les déchets des réacteurs sont stockés au moins 3 ans sur place. C’est là toute la tragédie de la sûreté nucléaire, elle se concentre sur le seul ‘bâtiment réacteur’ et non sur les annexes de la centrale qui représentent pourtant un danger réel. Tirons rapidement les conclusions de ces évènements, qui ne doivent pas rester sans suites ».

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1 commentaire
  • Pour EDF la securitè des centrales nuclearies est un element secondaire car un accident ne pourra jamais arriver…. C est ce que on pensait avant Three Miles Islands, Tchernobyl, Fukushima et de dizaines d’autres qui ont été cachés ……
    On attend avec impatience l accident majeur en France…..

Par Michèle Rivasi

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