Rapport Energies 2050: des conclusions aussi partiales qu’irresponsables pour un avenir énergétique durable

La conclusion du rapport Energies 2050 commandé par Eric Besson est loin d’être une surprise: au prix d’une analyse aussi partielle que partiale, la commission d’experts préconise de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires au-delà de 40 ans. Alors que les Français attendent un véritable débat sur l’énergie, le gouvernement joue la carte des experts pour légitimer son manque d’ambition et le maintien du statu quo à grand renfort de milliards gaspillés.

Pour Michèle Rivasi, porte-parole d’Eva Joly, ces conclusions sont erronées pour différentes raisons: « Franchement, quand Eric Besson commande une étude sur les perspectives énergétiques de la France, à quoi bon s’attendre? Jacques Percebois, qui préside cette commission, avait écrit après Fukushima qu’on ne pouvait se passer du nucléaire (1). Ce rapport n’est donc qu’une bessonnade de plus dans un débat dominé et faussé par les nucléocrates.

La médiocrité de la méthodologie de cette commission est évidente: alors qu’il s’intéresse soit disant à l’énergie, il ne parle que d’électricité… laquelle représente moins d’un quart de l’énergie consommée en France! De plus, le rapport postule un doublement de la demande énergétique mondiale d’ici à 2050, alors même que les Etats européens se sont engagés à réduire leur consommation d’énergie, une belle incohérence. Avec un tel préjugé, on ne sort donc pas d’une logique productiviste et on ne peut donc rendre des conclusions en faveur des énergies renouvelables.

Par ailleurs, les experts ne s’intéressent pas à la question cruciale de la facture électrique pour l’utilisateur final. Pour les écologistes, c’est totalement irrationnel de limiter le débat au simple prix du kWh, ce qui compte c’est la part des revenus que les Français consacreront à leur facture énergétique: on peut consommer moins à niveau de vie égale.

Ce rapport omet de préciser que prolonger la durée de vie des centrales au-delà de 40 ans est inédit: nous ne savons tout simplement pas à quels risques nous attendre en matière de sûreté. Dans un avis de 2010, l’IRSN concluait qu’au-delà de 35 ans le risque de rupture brutale des cuves de certains réacteurs n’était pas à exclure (2). Pourtant actuellement, le changement des cuves d’un réacteur nucléaire est techniquement impossible ».

Et Michèle Rivasi de conclure: « Il est aussi irresponsable de prolonger la durée de vie de centrales dangereuses au prix fort qu’anti-démocratique d’affirmer qu’il faut empêcher toute fermeture administrative en dehors des injonctions de l’ASN: où est le débat public? »

(1) voir sa tribune: http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/03/18/une-energie-indispensable-qui-pourrait-etre-plus-fiable_1495209_3232.html

(2) L’IRSN liste les réacteurs suivants: Dampierre 4, Cruas 1 & 2, Saint-Laurent B1 et Chinon B2, Saint-Laurent B12 et Bugey 5

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Par Michèle Rivasi

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